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Page:Revue des Deux Mondes - 1910 - tome 60.djvu/142

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excluaient la juridiction du Pape, on cessait d’être catholique. L’épiscopat, le centre, le peuple, formaient une troupe compacte qu’aucune division n’affaiblissait.


IV

À peine avait-on fini de forger sur l’enclume législative l’arme massive des lois de Mai, que Falk se disposait à l’employer. Sur son ordre, le pédagogue Wiese dressait pour les futurs prêtres un copieux programme d’examen, qui portait sur la philosophie, l’histoire d’Allemagne et la littérature nationale : le pouvoir civil exigeait désormais, avant de leur permettre le ministère sacerdotal, que de bonnes notes, décernées par un jury d’État, attestassent leur savoir et garantissent leur esprit.

Puis, dans les provinces, les autorités civiles commencèrent d’interroger les évêques sur le fonctionnement, le personnel, les statuts, de leurs grands ou petits séminaires, et des maisons diocésaines ouvertes aux prêtres repentans ; les évêques répondirent que c’étaient là des établissemens d’Église, laissèrent voir les locaux au point de vue de l’hygiène, donnèrent connaissance des statuts à titre documentaire, mais refusèrent tout autre détail et répudièrent toute autre inspection. Les sanctions étaient rapides : à Paderborn, dès le 28 juin, le séminaire Théodorien, où les clercs faisaient des études analogues à celles des Universités, cessa d’être reconnu par l’État, et les revenus qui le faisaient vivre furent saisis ; à Posen, le 23 août, le grand séminaire fut fermé ; çà et là, à Breslau par exemple, des fonctionnaires civils dirigeaient des enquêtes dans le clergé, pour s’éclairer en vue de la collation des cures : alors la hiérarchie donnait l’ordre de ne pas répondre.

La cour royale pour les affaires ecclésiastiques, prévue par les lois de Mai, se constitua, mais les rôles de ce tribunal demeuraient vides ; la rébellion des prêtres contre la juridiction des évêques ne se produisait point. Un vicaire enfin survint pour se servir des lois de Mai et recourir à la justice d’État ; il s’appelait Moennicke. Prêtre pour l’éternité, il avait, trois ans plus tôt, été suspendu par l’évêque Martin de Paderborn. Il se pourvut devant la Cour royale ; elle se déclara compétente et, par une sorte d’application rétroactive des lois de Mai, s’occupa