complètement manqué : elles ont servi seulement à dévoiler les intentions politiques qui se cachaient mal sous ce mouvement prétendu professionnel. Le rôle de M. Jaurès et de son journal, dans toute cette affaire, a été pitoyable. L’Humanité n’a pas trouvé un mot pour condamner les actes de sabotage criminels dont l’opinion était justement indignée. Le journal a même publié un article qui menaçait M. Briand d’un attentat. On l’a relevé, et M. Jaurès, se souvenant de l’axiome que tout mauvais cas est niable, a nié le cas, pourtant certain, ce qui était le reconnaître mauvais. On a pu voir quelles passions brutales et féroces s’agitaient dans les bas-fonds de la démagogie.
Revenons à la grève. Dans les communications qu’il a faites à la presse, M. Briand, a tenu à exposer où en étaient les choses lorsqu’elle a éclaté, et rien à coup sûr ne pouvait mieux montrer à quel point elle était injustifiée. Les délégués des syndicats avaient émis la prétention d’être reçus à la fois par les directeurs de toutes les Compagnies pour discuter avec eux les intérêts qu’ils représentaient, c’est-à-dire pour leur apporter des injonctions. Les directeurs, qui ont leurs renseignemens comme le gouvernement, savaient aussi bien que lui qu’il s’agissait moins d’intérêts professionnels à débattre que d’un mouvement révolutionnaire à amorcer, et ils s’étaient refusés à l’espèce de conférence qu’on exigeait d’eux. Ils ont fait remarquer que les conditions n’étaient pas les mêmes dans toutes les Compagnies et que, par conséquent, une délibération commune n’avait pas de raison d’être. Les délégués des syndicats ont alors porté leurs revendications auprès du gouvernement, dans l’espoir qu’il saurait imposer aux Compagnies non seulement leurs prétentions, mais aussi la procédure qu’ils estimaient la plus propre à les faire prévaloir. Le gouvernement sort à coup sûr de ses fonctions naturelles lorsqu’il s’emploie comme intermédiaire entre les deux facteurs essentiels du monde du travail, les employeurs et les employés ; mais il n’est peut-être pas sans excuses de s’y laisser entraîner dans un moment où les questions ouvrières priment toutes les autres et jouent fatalement un rôle dans la politique générale. Quoi qu’il en soit, M. Briand a affirmé qu’il ne s’était pas dérobé à sa tâche ; il s’était entremis entre les délégués des syndicats et les directeurs des Compagnies, recommandant aux seconds les demandes des premiers. Il avait déjà obtenu, au profit des cheminots, des avantages appréciables et même appréciés, car le directeur de la Compagnie d’Orléans avait reçu des remerciemens de ses employés. S’il n’y avait eu en cause