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FRANÇOIS-LOUIS DE BOURBON CONTI
ET
SA CANDIDATURE AU TRÔNE DE POLOGNE
(1696-1697)


I

L’ambition est un sentiment naturel aux âmes bien trempées, surtout chez l’homme dont la naissance appelle la gloire. L’amour, qui amollit les âmes, est parfois le plus fort et peut amoindrir une destinée que l’ambition semblait devoir porter au plus haut sommet. On vit l’amour, à la fin du XVIIe siècle, âge ambitieux, mais plus galant encore, contre-balancer l’attrait d’une couronne chez un prince français né lui-même sur les marches d’un trône. Ce fut François-Louis de Conti, d’abord appelé prince de La Roche-sur-Yon, le personnage le plus remarquable de sa branche à cette époque, le neveu, presque le fils adoptif du grand Condé, l’héritier de sa renommée après avoir été son élève, le plus séduisant des grands seigneurs ses contemporains, le héros de roman que tous les cœurs féminins se disputaient, le chevaleresque soldat en qui semblait s’être incarnée l’âme de son oncle, celui qui, dès vingt ans, avait rêvé la guerre et vu s’entr’ouvrir devant lui les plus rians horizons.

Nul ne jouit, dans son temps, d’une popularité égale à la sienne. Nul n’eut plus de succès dans le monde et à la guerre. Nul n’aspira davantage au commandement suprême et ne fut plus près de régner un jour. Déçu et malheureux même en