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Page:Revue des Deux Mondes - 1910 - tome 60.djvu/475

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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




Les événemens se déroulent chez nous avec une si grande rapidité que si nous revenons à quinze jours en arrière, il semble que nous évoquions une histoire déjà très ancienne, et que si nous parlons du fait du jour, ce fait évolue et se transforme à mesure que nous en entretenons nos lecteurs. Nous avons un nouveau ministère ; il est dès lors logique de croire qu’une autre politique, ou du moins qu’une politique plus nette, plus ferme, plus consciente des besoins de la situation actuelle, inspire un gouvernement rajeuni. Tout cela, néanmoins, ne va pas sans confusion, et la situation est encore loin d’être claire. Un seul point s’en dégage, c’est que M. Briand a voulu être le maître de son gouvernement. Il a, il faut bien dire le mot, renvoyé le ministère avec lequel il avait parcouru une première étape, et en a fait un autre où il pourra être lui-même en toute liberté. Mais que fera-t-il de cette liberté ? Ni la déclaration ministérielle, ni les explications qui l’ont suivie ne nous l’ont dit d’une manière tout à fait précise. Des projets de loi sont annoncés : attendons-les.

Puisque l’ancien ministère est mort, faisons son oraison funèbre, c’est-à-dire son éloge. Il a fait bonne figure pendant la grève des cheminots, et tout porte à croire que, au moins au cours de cette épreuve, aucune opposition intérieure, aucune divergence de vues entre lui et ses collègues n’est venue entraver M. le président du Conseil. A un moment, M. Jaurès a essayé de détacher M. Viviani du reste du Cabinet ; il a affirmé que la démission de M. le ministre du Travail était un fait acquis avant l’explosion de la grève, et qu’elle avait pour motif, un dissentiment profond sur la politique générale. Mal lui en a pris. M. Viviani a protesté contre les intentions que lui attribuait M. Jaurès, et, rappelant leurs campagnes communes d’autrefois, il a dit que l’entente entre eux aurait pu se maintenir encore si le sabo-