forteresses ne doivent plus jouer dans les guerres qu’un rôle secondaire, car leur destinée est d’être affamées ou tournées. C’est en rase campagne, dans les batailles, que se décide le sort des empires. Tout ce qu’on doit demander aux forteresses, c’est de résister aux attaques brusquées, et elles étaient en état de le faire. Chaque place frontière avait son armement de sûreté sur le rempart. L’approvisionnement de sûreté étant de dix coups par pièce, il n’est pas rare de lire dans des écrits soi-disant véridiques : « Voyez dans quel état étaient nos forteresses. Dix coups par pièce ! Voilà tout ce qu’on leur avait préparé ! » En effet, sur le rempart, il n’y avait que ces dix coups. Mais ce n’était là que l’approvisionnement de prévoyance destiné à parer à une surprise. Les véritables approvisionnemens de la guerre n’étaient point ainsi étalés ; on les gardait en magasin. A Metz, en ce qui concerne la place elle-même et les remparts, il ne restait qu’à fermer quelques entrées particulières. Les forts n’étaient pas achevés, mais les trois principaux, Saint-Quentin, Saint-Julien, et Queuleu, sans être encore des fortifications permanentes, étaient à l’état de redoutes parfaitement établies et dans des conditions de résistance bien autrement formidables, selon la juste observation du général de Rivière, que les ouvrages improvisés par les Russes devant Sébastopol et dont la prise nous coûta tant de peine. Mayence était dans des conditions bien moins satisfaisantes. Le général Kraft de Hohenlohe raconte qu’en 1869-1870 il procéda avec plusieurs officiers supérieurs d’artillerie à un Kriegsspiel (jeu de guerre) de forteresse. La place choisie était Metz. Quand les séances furent terminées, il en fit un résumé qu’il présenta au général de Stiehle. Celui-ci dit : « S’il arrivait que nous dussions assiéger Metz, étant donné la dépense d’hommes et de munitions qu’il faudrait faire, mieux vaudrait réduire la place par la famine. » Or, cette année-là même, le général de Stiehle devint chef d’état-major de l’armée du prince Frédéric-Charles, qui, en fait, affama la forteresse de Metz. A Strasbourg, on n’avait pas pourvu à l’insuffisance bien connue des abris voûtés ; mais il était toujours facile d’en créer par le blindage. L’armement était dans les conditions réglementaires.
Nous avions sous les drapeaux une partie de contingens légaux ; l’autre partie constituée en état de réserve attendait l’ordre de rejoindre. Au 1er juillet, voici quels étaient exactement nos effectifs :