un plan d’attaque et d’invasion comme Moltke, mais il avait étudié avec soin un plan de défense dont la forme stratégique pourrait devenir offensive, — car l’offensive aussi est un moyen de défense, — mais dont l’intention politique était exclusivement défensive.
Le maréchal Niel, l’Empereur nous avaient promis une armée suffisamment pourvue, nous l’avions ; un effectif de 400 000 hommes, nous l’avions ; un matériel de bonne qualité, nous l’avions ; des approvisionnemens abondans, nous les avions. Ils nous avaient promis un passage rapide du pied de paix au pied de guerre : toutes les dispositions compatibles avec nos lois fondamentales avaient été prises. Nous étions donc prêts.
Si, nonobstant cette préparation, nos troupes ont été pourvues d’une manière désordonnée ou insuffisante, il faudra l’imputer soit à la négligence ou à l’incapacité des agens d’exécution, soit à la défectuosité du système selon lequel la mobilisation a été organisée.
Quelle que soit celle de ces deux hypothèses que le récit des événemens nous amène à adopter, que ce soit l’incapacité des agens d’exécution ou l’insuffisance de notre organisation qui ait empêché les troupes d’avoir assez vite entre les mains le matériel réuni pour elles dans les magasins et les arsenaux, il ne serait pas juste de dire qu’on n’était pas prêt. Nous l’étions. Seulement, ce qui était prêt n’aurait pas été mobilisé ou l’aurait été mal ou tardivement. Et c’est le système défectueux de la mobilisation, et non la négligence ou l’imprévoyance de la préparation qu’il faudrait incriminer. Ce ne serait pas Le Bœuf, ni même Niel, et encore moins l’Empereur, qu’il faudrait rendre responsables, mais tous nos illustres généraux et administrateurs de la Guerre qui, depuis Gouvion Saint-Cyr et Bugeaud, ont entouré d’un culte presque idolâtrique les institutions militaires qui nous régissaient en 1870.
EMILE OLLIVIER