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Page:Revue des Deux Mondes - 1910 - tome 60.djvu/579

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L’ÉVENTUALITÉ
D’UNE
RÉVOLUTION SYNDICALISTE

On sait que le socialisme a, depuis le début du siècle, tout au moins, changé de caractère. Il dédaigne aujourd’hui la doctrine et les débats théoriques. Marx et ses œuvres n’intéressent plus que quelques universitaires attardés qui, en commentant ces vieilleries solennelles, croient à tort faire preuve de nouveauté et d’indépendance d’esprit.

Le socialisme échappe aujourd’hui aux « intellectuels, » aux bourgeois humanitaires et aux politiciens de profession. Il a confié ses espérances et ses destinées aux « prolétaires » eux-mêmes ; c’est parmi les prolétaires exclusivement qu’il recrute ses chefs réels, ses dirigeans effectifs. Il use, à l’excès, des instrumens légaux que la faiblesse des gouvernans rend chaque jour plus efficaces pour les audacieux qui s’en servent avec méthode et plus dangereux pour la société. Il s’est constitué des cadres nombreux et, s’il n’a pas encore une armée bien compacte, il s’efforce, de jour en jour, avec un succès croissant, de la rassembler et de la tenir en main.

Agé tout juste d’un quart de siècle, le syndicalisme révolutionnaire, héritier du socialisme, est devenu rapidement en France une puissance réelle. Nous avons étudié[1], il y a un peu

  1. Voyez dans la Revue des Deux Mondes du 1er août 1908 notre article intitulé : le Syndicalisme. — La Confédération générale du travail. — La Théorie de la violence. Voyez aussi notre ouvrage : le Collectivisme, l’Évolution du Socialisme depuis 1895 ; le Syndicalisme, 5e édition.