Un livre récent de M. Gautherot vient de rappeler un des plus douloureux et plus tragiques souvenirs de notre histoire contemporaine, l’assassinat des otages à la Roquette le 24 mai 1871. Ce livre est particulièrement consacré à la défense de l’abbé Lagarde[1]envoyé en négociations à Versailles le 11 avril auprès de M. Thiers, chef du pouvoir exécutif, pour obtenir, sur la proposition même de la Commune, la mise en liberté de l’abbé Deguerry, du président Bonjean, de l’abbé Lagarde lui-même, de Mgr Darboy et de sa sœur en échange de Blanqui. M. Gautherot a entrepris le récit détaillé de ces négociations d’après des documens provenant des archives de la famille Lagarde, dont le comte d’Hérisson avait déjà donné un résumé précis[2]. Il a conclu à la parfaite correction du négociateur, dont les contemporains avaient blâmé la conduite trop prudente, car celui-ci avait promis à Mgr Darboy de revenir auprès de lui aussitôt qu’il aurait obtenu une réponse du gouvernement de Versailles, et il n’avait pas satisfait à cette promesse, malgré les lettres pressantes de l’archevêque. L’auteur a prouvé que l’envoyé de Mgr Darboy a mis tout en œuvre pour conduire à bonne fin ses négociations et que, placé dans la cruelle alternative de provoquer le massacre immédiat des otages en revenant tout de suite à Paris avec une réponse
Page:Revue des Deux Mondes - 1910 - tome 60.djvu/74
Apparence
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
M. THIERS ET LES OTAGES DE LA COMMUNE
— AVRIL-MAI 1871 —