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l’avaient faite durable et féconde. Tous les projets de loi tendant à l’unification du contrat de mezzadria, — le dernier fut présenté en 1900 par M. Sonnino, — ont été invariablement rejetés, comme inutiles et inapplicables.

En fait, jusqu’à ces derniers temps, la mezzadria a pu s’adapter commodément aux conditions agricoles, économiques et sociales des différentes régions. Dans une moitié de l’Italie, la plus riche et la plus fertile, en Romagne, en Vénétie, en Emilie, en Lombardie, en Toscane, les grands domaines, comme les moyennes propriétés sont, pour la plupart, divisés en petites tenures (fondi) de superficie à peu près égale. Chaque tenure est cultivée par une famille de paysans, qui vit sur le fonds et souvent s’y maintient pendant plusieurs générations : lors d’un concours ouvert à Florence en 1900-1901, des primes furent accordées à quelques familles de mezzadri qui étaient établies sur leur tenure depuis plus d’un siècle. Le contrat, rarement rédigé par écrit, se renouvelle par tacite reconduction ; les stipulations en sont déterminées par les usages locaux. Le principe qui règle ordinairement les rapports entre propriétaire et métayer est, bien plutôt que celui du louage, celui d’une libre association ; mais c’est le propriétaire qui dirige l’exploitation agricole, par lui-même ou par ses agens. Il supporte seul les frais de transformation ou d’aménagement du sol nécessaires à l’introduction des différentes cultures ; il fournit au métayer la maison de ferme, et ordinairement le bétail. Le métayer apporte ses outils de travail ; il se conforme, pour le choix des cultures, l’ordre des travaux et tout ce qui concerne l’exploitation, aux instructions du propriétaire ou de ses agens. Il supporte la moitié des dépenses relatives à l’achat des engrais, à la rémunération des ouvriers auxiliaires que réclament certains travaux. Dans quelques provinces, il paye la moitié des impôts ; dans d’autres, les impôts restent à la charge du propriétaire. Tous les produits sont, en règle générale, partagés par moitié entre le propriétaire et le mezzadro.

La différence des traditions et des mœurs particulières à chaque région de l’Italie se traduit par quelques stipulations de détail, qui varient d’une province à, l’autre. C’est ainsi qu’en Toscane, un métayer ne marie point sa fille sans avoir obtenu l’agrément du propriétaire ; ailleurs, le mariage n’est permis qu’à un seul des fils du mezzadro ; ici, le propriétaire exige de