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attrait, les volontés ultimes de Bismarck furent souvent voilées de mystère ; il y avait en elles beaucoup d’incompréhensible, et même, peut-être, un peu d’inconscient ; et l’histoire ne doit pas chercher à le connaître mieux que sans doute il ne se connaissait lui-même.


VI

Les arsenaux faisaient diligence pour compléter encore le matériel de guerre et pour le perfectionner. Ces arsenaux s’appelaient le Landtag et le Reichstag : d’après les projets déposés par Falk en janvier, par Bismarck en février, ils affinaient les armes anciennes et en forgeaient de nouvelles.

Le projet de loi d’Empire qui autorisait le bannissement des prêtres avait été accepté par le Conseil fédéral avec une docilité de mauvaise humeur. Bade un instant avait fait des contre-propositions, mais la Prusse avait dit : Je veux. Les plénipotentiaires de la Bavière avaient, une fois de plus, pour des motifs d’offensive religieuse, sacrifié les droits de leur royaume ; on leur avait seulement accordé que le bannissement du prêtre coupable, au lieu d’être décrété par mesure administrative, devrait être prononcé par les tribunaux. Louis II, malgré les instances des députés catholiques de la Bavière, avait refusé d’intervenir. Devant le Reichstag, la discussion fut passionnée. Pour un tel combat, criait un commissaire du gouvernement, il faut des armes tranchantes, et non des armes émoussées. — C’est une loi de proscription du genre le plus odieux, ripostait Pierre Reichensperger ; les décisions de Carlsbad, à côté de ces mesures-là, ne sont que de la besogne de nain ; et l’orateur du Centre se lançait dans un développement juridique sur la légalité de la résistance passive.

Tout ce que vous voulez entreprendre, reprenait Windthorst, c’est la violence toute pure, toute simple, toute nue. Mallinckrodt, dans un beau raccourci d’histoire, montrait le Culturkampf comme le résultat d’un compromis entre le « libéralisme » et le prince de Bismarck ; il expliquait comment ces deux alliés étaient guidés par des motifs différens, et comment le prince, en son for intime, attachait plus de prix aux considérations politiques qu’aux questions religieuses et spirituelles. Mais entre les deux alliés, comment se régleraient les comptes, puisque les