précédentes, il était demeuré sous sa tente. Dans les derniers jours seulement, il s’était décidé, avec « chagrin et répugnance, » par une lettre rendue publique, à conseiller de voter pour les Unionistes. Cette fois il a pris son parti et s’est bravement jeté dans la lutte, mais il a dû lui en coûter, car, pendant qu’il se prononçait ouvertement en faveur des Unionistes, son second fils, Neil Primrose, qui paraît avoir hérité des dons paternels et qui a fait à la Chambre des Communes un début oratoire remarqué, se présentait dans le Cambridgshire comme candidat libéral et presque radical. Il a eu comme concurrent un fils du marquis de. Salisbury, et rien ne montre mieux combien, en ce moment, la société et les familles sont divisées. Dans ces deux discours dont l’un a été prononcé dans une salle où Bright et Cobden ont pris souvent la parole, lord Rosebery a évoqué ces deux grands noms ; il a évoqué aussi ceux de Peel, de Gladstone, ces gloires du parti Whig et il a déploré le spectacle offert par son ancien parti qu’il déclarait ne plus reconnaître. Il l’a montré subissant La domination des Irlandais subsidiés par l’or étranger, travaillant à établir la dictature d’une seule Chambre salariée qui n’aurait qu’un objectif, augmenter ses pouvoirs et son salaire, repoussant, sans vouloir même les examiner, les propositions conciliantes des Lords qui ont cependant fait le sacrifice du principe héréditaire et remis leurs pouvoirs entre les mains de la nation, enfin précipitant le pays à la légère dans une aventure électorale où l’antique et glorieuse constitution du pays, objet de l’admiration du monde, pouvait sombrer. L’éloquence de lord Rosebery entremêle admirablement les considérations les plus élevées et les anecdotes familières, l’émotion et le sarcasme. Avec les deux discours de M. Balfour à Nottingham et à Albert Hall, ses discours de Manchester et d’Edimbourg méritent assurément de compter parmi les plus remarquables qui aient été prononcés pendant la période électorale, et, quelles que soient la vigueur et la verve de M. Winston Churchill, la clarté laconique et l’ironie souvent un peu âpre de M. Asquith, il faut reconnaître qu’au cours de ce long tournoi, l’avantage, au point de vue oratoire, n’a pas été du côté des Libéraux.
Les scrutins ont commencé le 2 et fini le 21 décembre, la législation électorale très compliquée qui régit l’Angleterre