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BISMARCK ET L’ÉPISCOPAT
LA PERSÉCUTION (1873-1878)

IV.[1]
LES LOIS DE 1875

Le 5 décembre 1874, Bismarck, parlant aux représentans de l’Allemagne, avait jeté à Pie IX un dernier adieu ; le 5 février 1875, Pie IX, écrivant aux évêques de l’Allemagne, jetait à Bismarck un dernier défi. « Pour l’instant, je ne te connais plus, criait au Pape le chancelier. — Et moi, ripostait le Pape, je refuse pour toujours de connaître tes lois. » Ainsi se resserrait leur tragique dialogue, dont l’allure même témoignait que, des deux interlocuteurs, Bismarck était le plus faible. Le chancelier signifiait une décision sur laquelle les circonstances pourraient l’amener à revenir ; le Pape, lui, portait un jugement sur lequel l’autorité doctrinale de l’Eglise ne reviendrait jamais. C’est une force immense, de pouvoir parler pour toujours ; Pie IX n’avait plus que cette force-là, et il en usait. Sous sa plume de docteur se déroulait le procès des lois de Mai, subversives pour la constitution de l’Église, destructrices du droit épiscopal ; il montrait comment elles accablaient, au fond des cachots, son « frère » Martin et son « frère » Ledochowski ; comment elles menaçaient tous ses autres « frères ; » il les accusait de réclamer une obéissance qui ne convenait qu’à des esclaves ; il les livrait au mépris,

  1. Voyez la Revue des 1er octobre et 1er novembre 1910 et du 1er janvier 1911.