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c’est ce que nous ne saurions dire. Mais, en consentant à être sa femme, elle entendait récompenser le dévouement dont il avait fait preuve.

Ce dévouement ne put cependant, au moment où il se manifestait, empêcher cette malheureuse famille, après l’arrestation de son chef, d’être réduite à l’abandon et à la misère. Le château de la Chipaudière, comme la maison familiale de Saint-Malo, avait été mis sous séquestre et ses habitans étaient obligés d’en sortir. Mme Magon de la Lande ne voulant pas se séparer de son mari, avait résolu de le suivre à Paris et de travailler à lui faire rendre la liberté. Sa fille aînée, Mme de Saint-Pern-La Tour, était arrêtée presque aussitôt après son père et sans doute comme femme d’émigré. Les jeunes filles et leur frère seraient restés sans ressources et sans protection si leur malheur n’eût excité la pitié d’une ancienne servante qui les recueillit à Paramé où leur mère les retrouva à son retour de Paris, après que la mort de son époux Peut faite veuve.

Le lendemain du jour où avait eu lieu au château de la Chipaudière la première perquisition, on arrêtait Magon de la Blinaye. C’était dans la soirée du 14 frimaire (4 décembre). A onze heures, alors que dans sa maison, située rue des Juifs, tout reposait, des coups violens sont frappés à la porte. Un domestique court ouvrir et se trouve en présence de trois personnages qu’escortent deux soldats et qui lui déclinent leurs noms et qualités : Besnard, assesseur du juge de paix ; Paitre et Laîné, délégués du Comité de surveillance. Ils viennent à l’effet de procéder à une perquisition. L’heure avancée ne leur permet pas de la prolonger. Ils se contentent de mettre la main sur un grand nombre de papiers qu’ils déposent dans quatre chambres à la porte desquelles ils apposent les scellés ; ils se retirent après avoir signifié à Magon de la Blinaye qu’il est en état d’arrestation, et en le laissant sous la garde et la responsabilité de ses domestiques.

Ils reviennent le lendemain à onze heures du matin et en plus grand nombre. Le citoyen Morin et deux autres membres du Comité de surveillance se sont adjoints à eux. En présence de Magon de la Blinaye, ils reprennent l’opération commencée la veille, saisissent encore des papiers et diverses sommes en monnaie d’or et argent et en assignats. La perquisition se continue durant toute la journée et durant celle du lendemain. Mais