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Page:Revue des Deux Mondes - 1911 - tome 2.djvu/472

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CORRESPONDANCE

Nous avons reçu de M. Charles Maurras, au sujet de l’étude que M. Victor Giraud a consacrée à M. Paul Bourget, une lettre qu’il ne nous demande pas de reproduire en entier, mais dont deux points lui tiennent particulièrement au cœur. M. Maurras ne veut pas admettre que M. Paul Bourget se soit jamais mis à son école ; il tient à dire qu’il considère l’auteur du Disciple comme son maître : c’est question de modestie de sa part. L’autre point de sa lettre est certainement plus important à ses yeux comme aux nôtres : aussi lui laissons-nous la parole.


M. Victor Giraud, — dit-il, — m’a causé, sans le vouloir, j’en suis certain, un tort très réel, à la page 111, où il parle d’un catholicisme athée que l’on enseignerait à l’Action française. Le mot de catholicisme athée, que l’auteur place entre guillemets, m’est attribué couramment. Or qu’on mette en cause l’Action française ou qu’on ne parle que de moi, c’est là, purement et simplement, une erreur d’attribution. Le propos « catholicisme athée » n’a jamais été employé que par Jules Soury. Soury a écrit chez nous, comme il a écrit à la Libre Parole, et sa collaboration, qui ne fut jamais que d’un hôte et d’un ami, s’est arrêtée vers 1903… L’Action française groupe des patriotes de toute croyance et de toute incroyance, mais qui s’accordent en ce point bien spécifié que la politique religieuse de la France doit être catholique. Qu’ils soient athées, qu’ils soient païens, spinozistes ou positivistes, ils admettent cette politique : mais ils l’admettent plus facilement encore quand ils sont catholiques ; et dès lors, en quoi le catholicisme de ces derniers peut-il être le moins du monde « athée ? » Nos catholiques sont des catholiques comme les autres, leur chaire du Syllabus, dans notre Institut d’Action française, vous en est le garant ; et de nos mécréans (dont je suis), aucun n’a la prétention de professer ni d’enseigner le catholicisme.

Nous ne pouvons que donner acte à M. Charles Maurras de son explication, et restituer à M. Jules Soury ce qui lui appartient.