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LA FILLE DU CIEL. 531 fant, qu’elle tient toujours serré contre elle-même.) Mon fils! il faut, pour quelque temps, vous éloigner de moi... Ah! les larmes noient mes yeux à cette idée. Mais si je pense à vous garder en ce palais au milieu de si terribles dangers, l’angoisse broie mon cœur dans ses serres... Monbien-aimé, il faut partir... L’enfakt, l entourant de ses bras. — Alors, toi aussi, mère, et partons nous deux ensemble... Sans toi, non, non! Sans toi, je ne veux pas! Vous m’entendez tous, je ne veux pas!... L’Impératrice. — Partir avec vous, mon fils !... Comment pourrais-je déserter votre trône, faillir au devoir sacré qui m’est échu en votre nom? Mais vous, il faut montrer du courage et être digne, déjà, de votre mission haute et magnifique. Songez que vous n’êtes pas un enfant ordinaire. Sous votre chair de Heur, dans le délicat réseau de vos veines, une sève divine est enfermée; la dynastie de la Lumière aboutit à vous seul. mon bien-aimé! Vous êtes le Fils du Ciel. (L’enfant, très pensif, baisse la tête.) Prince-Fidèle. — Levez le front, ne le courbez pas devant l’éblouissement du nom lumineux de vos ancêtres. Déjà il vous faut maîtriser vos sentimens. Votre cœur, vous le devez à ce peuple innouibrable, qui est vaincu, et opprimé, qui attend de vous sa délivrance; à lui seul appartiennent vos pensées, vos actions, votre vie même. L’enfant, triste et grave. — Je ne pleurerai pas... L’Impératrice. — A qui le confierons-nous, notre bien suprême? car vous y avez pensé déjà, je devine que vos plans sont faits. Prince-Fidèle. — Notre jeune Empereur a montré, sans le connaître, de la sympathie au vice-roi du Sud, qui est justement le mieux situé pour lui offrir un inviolable asile. Mon avis est qu’il lui soit confié. L’Impératrice, à r enfant. — Cela vous plairait?... L’enfant. — Oui. L’Impératrice. — C’était aussi ma pensée. Ce vice-roi est certainement encore au palais, attendant mes ordres. (A Porte- Flèche.) Faites-le appeler. (Porte-Flèche sort.) Prince-Fidèle, aux femmes. — Préparez tout pour un départ immédiat. Vous ne quitterez pas votre maître.