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celui des nations anglo-saxonnes à l’usage des instrumens de banque, des chèques et des viremens ; nous en avons donné une des raisons au début de notre article : pour qu’il modifie son attitude, et qu’il se départe de la méfiance dont il est animé à l’égard des méthodes modernes, il faut qu’il se trouve en face d’un établissement dont le crédit soit en quelque sorte sans bornes, au-dessus de toute discussion.

Voilà donc deux branches essentielles de l’activité de la Banque : régularisation de la circulation métallique par le billet et règlement d’une quantité croissante d’échanges au moyen d’écritures passées sur ses livres. Il en est une troisième, qui ne le cède pas en importance aux deux autres : elle consiste dans la surveillance des changes étrangers et le mouvement des espèces métalliques qui en est la conséquence. Notre commerce international, dont le volume ne cesse de croître, atteint aujourd’hui un chiffre de 12 milliards de francs ; et encore ce total ne comprend-il pas les transactions en valeurs mobilières, fonds d’Etat, actions et obligations, qui ont pris dans le monde moderne une ampleur extraordinaire et qui vont sans cesse grandissant, chez nous plus que partout ailleurs. Ce courant continu d’échanges exerce naturellement une influence sur les conditions monétaires du pays ; un excès d’importations le rendra débiteur de l’étranger ; si au contraire les exportations sont en quantité supérieure, le numéraire sera attiré en France. La Banque étant le plus grand réservoir d’or, c’est-à-dire du seul métal qui puisse servir à régler nos comptes avec le dehors, ressentira le contre-coup de ces fluctuations du commerce extérieur. La tâche lui a été rendue relativement aisée depuis une quinzaine d’années : le développement de nos exportations, les rentrées régulières des coupons de notre portefeuille étranger, les dépenses faites en France par les voyageurs qui y séjournent volontiers, sont autant de causes qui provoquent l’arrivée de l’or dans notre pays et qui ont aidé la Banque à accroître son encaisse d’une façon régulière. Forte de ces milliards réunis dans ses caves, la Banque a pu suivre une politique judicieuse, parfaitement conforme aux intérêts généraux du pays et qui avait en même temps l’avantage de faciliter les opérations d’arbitrage commandées par les écarts des taux du loyer des capitaux sur les diverses places financières. Au lieu de chercher comme autrefois à se prévaloir de notre législation bimétalliste pour