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Page:Revue des Deux Mondes - 1911 - tome 2.djvu/597

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devait toujours s’élever à au moins 300 ou 400 millions. Qu’on se reporte aux bilans d’il y a dix ou vingt ans : on verra que le solde ne s’écartait guère de ce chiffre. Il est modeste, si on le rapproche de celui des engagemens du Trésor, bons en circulation, dépôts de toute nature reçus par lui, et qui dépassent le milliard.

Ce n’est pas révéler un secret que de parler de conventions intervenues entre la Banque et le gouvernement, en vue d’éventualités graves, et qui ont pour objet l’ouverture de crédits considérables destinés à être mis immédiatement à la disposition du Trésor. Dans la séance de la Chambre du 1er juillet 1807, M. Ribot, président de la commission qui avait examiné le projet de loi portant renouvellement du privilège, déclarait qu’en temps de guerre, toutes les ressources de la Banque doivent être appliquées à la défense nationale. M. Méline, président du Conseil des ministres, affirmait que le gouvernement s’était assuré, dès l’heure de la mobilisation, un concours efficace et suffisant. Mais il avait soin d’ajouter, en réponse à l’affirmation de M. Pelletan que les assignats avaient sauvé la France en 1793, qu’il écartait l’idée de substituer, au lendemain de l’ouverture des hostilités, l’Etat à la Banque de France. Nous avons repoussé cette combinaison, s’écriait-il, « parce que nous avons considéré qu’elle serait désastreuse pour la patrie. Vous en retenez toujours à votre conception du billet de banque, qui pour vous n’est pas autre chose qu’un assignat… Vous croyez que la création d’une banque d’Etat, la transformation des billets er assignats serait une solution. Nous croyons, nous, que ce serait un malheur. Nous pensons, au contraire, que l’intérêt de l’Etat en cas de guerre est d’avoir à côté de lui, dès le premier jour, un établissement indépendant qui double son propre crédit et qui le fortifie. La loi a été faite pour fortifier le crédit de la Banque de France, non pas, dans l’intérêt de la Banque de France, mais dans celui de la France elle-même. »

Nous ne cesserons de le répéter. La Banque, il y a quarante ans, a permis aux finances nationales de soutenir l’épreuve la plus sévère à laquelle elles aient jamais été soumises. Mais quand les hostilités ont éclaté, elle était en pleine possession de ses ressources. Il faut qu’il en soit de même aujourd’hui. On nous dira que 180 millions ne sont pas une grosse somme, dans un pays qui a un budget de 4 milliards et demi et une