Page:Revue des Deux Mondes - 1911 - tome 2.djvu/642

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

générale à les découvrir, il attachait plus de prix encore à saisir indépendamment de tous les objets de valeur trouvés dans l’appartement du banquier et dans celui de ses enfans et petits-enfans, les sommes considérables qu’on le soupçonnait d’avoir cachées dans sa maison. Néanmoins, le 13 prairial, alors que, depuis près d’une semaine, on fouillait l’immeuble de haut en bas, le procès-verbal constate « qu’on n’a presque rien trouvé de la fortune du dit Magon de la Balue qui doit être considérable. »

À cette date, pour des causes qui nous échappent, la perquisition est suspendue. Elle n’est reprise que le 14 messidor. Dans l’intervalle, on a interrogé de nouveau les employés ; soit par la menace, soit par la persuasion, soit encore par suite des sentimens malveillans dont au moins deux d’entre eux semblent animés, on leur arrache des aveux, qui font découvrir ce qui était caché. Il en est un qui va jusqu’à prétendre que Magon de la Balue a emporté dans la maison d’arrêt 674 000 livres. En tout cas, d’un état dressé après le 9 thermidor par un liquidateur judiciaire, il ressort que les agens du Comité de Sûreté générale ont saisi dans la maison 340 637 livres, tant en assignats qu’en or et en argent, mais qu’ils n’ont versé au Trésor que 292 444 livres, ce qui autorise à les accuser d’avoir volé, retenu ou perdu pendant le transport 48 193 livres. Nous ne citons que pour mémoire 439 marcs d’argenterie versés à la Monnaie. On voit parce qui précède que l’hôtel de Magon de la Balue, comme les demeures de ses parens de Saint-Malo, avait été mis littéralement au pillage.

C’est sans doute vers ce temps que se produisit un incident dont Berryer père fait mention dans ses Souvenirs. Il n’en précise pas la date. Mais, comme il dit que, huit jours plus tard, les Magon étaient exécutés, et qu’ils le furent le 1er thermidor il est visible qu’il a voulu placer aux premiers jours de juillet la démarche qu’il raconte. Sur ce point, il a été trompé par sa mémoire, comme il l’a été en disant que la démarche fut faite dans la maison de santé du docteur Lemoine, rue des Amandiers. Les deux prévenus en effet n’ont pas habité cette maison, et c’est celle du citoyen La Chapelle qu’il a voulu désigner. Mais comme, d’autre part, ils furent transférés le 10 floréal (5 mai) dans la prison du Luxembourg, on peut affirmer que le curieux incident que nous révèle Berryer s’est produit