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Retraite, qu’elle avait édifié par ses vertus. Ayant refusé de prêter serment à la Constitution civile du Clergé, Mlle de Saint-Luc était venue, en juillet 1791, rejoindre ses parens au château du Bot, dans le Finistère. C’est là que, le 10 octobre 1793, elle avait été arrêtée avec eux. Comme, pour justifier cette triple arrestation, il fallait accuser les prévenus d’avoir conspiré, on en fit des complices du prétendu complot dans lequel étaient impliqués les Magon. Ils figurent dans l’acte d’accusation comme père, mère et sœur de Saint-Luc fils, émigré. Il y est dit que « des pièces nombreuses prouvent que cette famille n’a cessé d’être l’ennemie de la Révolution, qu’elle conspirait avec tous les scélérats et surtout avec les évêques de Quimper et d’autres contre-révolutionnaires. » À la charge de Mlle de Saint-Luc, on invoque l’envoi fait par elle d’une image du cœur de Jésus à des combattans vendéens, afin qu’elle les protège dans les combats. Avec elle, étaient impliquées Mlles Laroque, deux sœurs dont la cadette n’avait pas trente ans et dont les frères avaient pris part à l’insurrection vendéenne. Leur crime consistait à avoir reçu d’eux plusieurs lettres et à y avoir répondu.

L’acte d’accusation est plus accablant encore pour Magon de la Balue. On l’accuse d’être « le plus cruel ennemi du peuple français, d’avoir déclaré la guerre à la Révolution, fourni aux scélérats coalisés contre la patrie les armes les plus redoutables pour suivre leurs projets parricides. Il est l’homme qui a fourni le plus de sommes en numéraire à tous les conspirateurs qui ont fui le sol de la patrie pour y rentrer les armes à la main. » On signale ses correspondances avec les émigrés. Si l’on n’en cite pas les textes, « c’est pour ne pas retarder sans nécessité la justice que le peuple attend de ses magistrats contre un conspirateur qui est un des principaux auteurs de ses maux. »

Les mêmes griefs sont allégués contre Magon de la Blinaye, qui a correspondu avec les émigrés d’outre-Rhin et de Jersey, et leur a fait passer de l’argent, et contre Magon de la Lande, « qui, en refusant d’obéir à la loi de suppression de tout vestige de la féodalité, a conservé précieusement dans un sac de toile cacheté les parchemins de la tyrannie féodale pour les faire reparaître au moment où Cobourg et York auraient eu subjugué les Français. » Jean Coureur, Christophe Gardie et Adrien Legris sont considérés comme leurs complices. Pour ce dernier,