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Les mélange au sablon pailleté des micas,
A des poudres de perle et de nacre écrasées,
A des poussières d’or, des ondes irisées.
Je ne sais quel rayon laiteux et palpitant
La pénètre, l’entoure, et tout à coup s’ouvrant
D’un trait d’autant plus vif qu’on ne sait où l’attendre,
La montre en ses splendeurs pour bientôt la reprendre,
L’entraîner dans des fonds d’azur, d’iris et d’or,
La rapprocher un peu pour la voiler encor,
Si bien que le trésor qu’il éloigne ou ramène
Bat comme une adorable et merveilleuse haleine.

Non seulement elle a, pour mouvoir ses splendeurs,
Le recul infini d’étranges profondeurs,
Mais, sur le champ toujours muant de sa surface,
Un flot de chatoîmens, un fleuve roule et passe
En glissée innombrable, allant on ne sait où,
Puisque l’œil ne peut pas le suivre jusqu’au bout,
Venant on ne sait d’où, car nul n’atteint la source
Lointaine, inaccessible où commence sa course !
Et cet étroit joyau, comme il paraît sans fond,
Est dans son cercle d’or plus grand qu’un horizon.
Inépuisable pierre, ô merveille, prodige !
Quel œil peut voir passer, sans sentir de vertige,
Croisés, superposés en renaissans accords
Tes torrens de reflets, tes cataractes d’ors ?
O trésor de trésors ! Pullulement de gemmes !
Capable, en un instant, d’orner les diadèmes
De tous les empereurs, les potentats, les rois
Qui vécurent jamais — et de parer vos doigts,
Vos poitrines, vos cols, courtisanes et reines
Dont, à travers les temps, les beautés souveraines
Aimèrent resplendir sous un poids de bijoux !

Mais en outre elle est bonne, elle vient jusqu’à nous,
Son éclat est intime et douce sa caresse ;
On dirait qu’elle sente et qu’elle reconnaisse
La douceur de la main qui la choie, et des yeux
Qui préfèrent en elle aux gloires de ses feux
Le cœur presque attristé qui l’émeut, et son rêve