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sa famille, établis depuis quelques années à Philadelphie, y fondait une filiale devenue plus tard très importante au point de vue de l’émigration. L’année suivante (janvier 1881), à l’appel de John Gore, un garçon laitier converti à Londres par l’Armée du Salut, M. et Mme Sutherland partent pour Sidney et créent la branche australienne.

Paris. — L’année 1881 vit arriver à Paris la fille aînée du général Booth, Catherine, dite la Maréchale ; celle-ci, secondée par le major Clibborn qu’elle devait plus tard épouser, entreprit l’évangélisation des ouvriers de Belleville, à son quartier général du quai de Valmy et, ensuite, à la salle du boulevard des Capucines, essaya d’entamer les classes cultivées. Elle plut, dans le monde élégant, par sa beauté autant que par son talent de parole, mais sans faire de conversion éclatante ; tandis que dans la classe ouvrière, après quelques scènes tumultueuses dans la salle et dans les cabarets, où elle se risqua à prêcher contre l’ivrognerie, elle a jeté de bonnes semences, qui ont porté quelques fruits. Mme Booth, sa mère, dans une brochure, publiée en 1884, sous le titre : L’Armée du Salut, dans ses rapports avec l’État, a montré qu’elle offre un remède contre le socialisme révolutionnaire, en enseignant le respect de la loi et la crainte de Dieu et en combattant l’alcoolisme. Certains écrivains français, tels que la comtesse de Gasparin, le professeur Léon Pilatte, ayant critiqué les procédés tapageurs de l’Armée du Salut, elle leur répondit, dans cette brochure : « Vous vous récriez contre le bruit et l’éclat dont s’entourent nos opérations. Je déplore, autant que vous, l’état d’abaissement, d’epaississement intellectuel qui rend nécessaires ces procédés. Mais, c’est un fait d’expérience que ce bruit et cet éclat sont les seuls moyens d’attirer l’attention de ces pauvres gens. Ils sont réfractaires aux méthodes paisibles et « comme il faut » d’évangélisation. »

L’année 1882, le capitaine Tucker, ancien magistrat du Service civil aux Indes, converti à Londres, planta le drapeau salutiste à Calcutta ; il rencontra beaucoup d’obstacles de la part du gouvernement colonial, mais fut bien accueilli des indigènes et soutenu par Keshub Chender Seng et les membres du Brahmo-Somai.

La même année, Mlle Ochterlony introduisit le salutisme en Suède, où il a rendu des services incontestables à la cause de la tempérance et de la moralité de la classe ouvrière.