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quatre-vingts officiers. Ils ont obtenu des résultats satisfaisans.

Japon. — L’Armée du Salut a obtenu de plus grands succès au Japon où elle a commencé en 1895 et est menée avec une remarquable énergie par le commissaire Hodder. Elle compte trente-trois corps et postes avancés, huit institutions philanthropiques, y compris « Home » pour prisonniers libérés, maison de refuge pour femmes à Tokyo et Dalny. C’est en partie à son influence qu’est due l’abrogation de la loi japonaise qui permettait aux tenanciers de maisons mal famées de retenir des femmes contre leur gré. Désormais, ces pauvres « esclaves blanches » sont libres.

Corée. — Enfin, l’Armée du Salut a pénétré jusque dans la lointaine Corée, ce doux pays qui a été la victime infortunée des convoitises rivales de la Russie et du Japon. Le colonel et Mme Hoggard y ont commencé à évangéliser en 1908 et y ont été accueillis, par le peuple, comme des libérateurs spirituels et des consolateurs désintéressés. Le Salutisme y compte six corps ou postes, dont deux à Séoul, et trente-deux sociétés affiliées : le tout desservi par treize officiers européens et quatre coréens ; ils sont en train d’établir des écoles et des institutions d’assistance pour le peuple qui est extrêmement pauvre, mais très intelligent et accessible aux sentimens religieux.


CONCLUSION

Après avoir exposé la genèse, l’organisation et l’expansion mondiale de l’Armée du Salut, il nous reste à la juger et à conclure. En somme, c’est un effort colossal pour secouer la routine et la torpeur, où sont tombées la plupart des Eglises chrétiennes, une réaction puissante contre la « chrétienté bourgeoise et de bon ton. »

« Les credo des Eglises humaines, a dit M. F. de Booth-Tucker, ont une tendance invétérée à laisser les inspirations du passé devenir comme des fossiles et, alors, c’est en vain qu’on essaie de les imposer à un présent différent. Leur robe et leur langage sont souvent surannés ; ce sont des reliques vénérables de siècles antiques, mais qui sont incapables de répondre aux exigences d’un monde en perpétuelle évolution. Au lieu d’un clocher, dont la flèche silencieuse indique le ciel, on n’a plus qu’un poteau indicateur ; au lieu de vivans prophètes, on