Pour ses débuts, et sans que rien l’y obligeât, le nouveau ministère s’est mis sur les bras une de ces mauvaises affaires dont il est impossible de se bien tirer : aussi l’a-t-il fait fort mal. La reconnaissance l’a égaré. Il devait le jour à M. Malvy, dont le nom, ignoré jusqu’à ce moment, est tout d’un coup devenu célèbre. M. Malvy a attaché le grelot qui a sonné le glas funèbre du précédent Cabinet ; il a interpellé M. Briand on ne sait déjà plus au juste sur quoi, car personne ne s’en souciait, et c’est à la suite de cette interpellation que M. Briand est parti. Aussitôt un certain nombre d’hommes politiques, à la suite de M. Monis qui dirigeait ou paraissait diriger le mouvement, se sont distribué les fauteuils ministériels devenus vacans. Ils ont failli oublier M. Malvy, qui s’est écrié : Me, me adsum qui feci, c’est moi qui ai tout fait, c’est à moi que vous devez tout ! Sa réclamation ayant paru légitime, on lui a donné un de ces strapontins qu’on appelle un sous-secrétariat d’État. Mais où le mettre ? C’est ce dont, au premier moment, personne ne s’est préoccupé et, quand on a commencé à le faire, on s’est aperçu que toutes les places étaient prises.
L’embarras a été si grand qu’il a suggéré l’idée la plus imprévue et, tranchons le mot, la plus saugrenue, celle de créer pour M. Malvy un sous-secrétariat d’État aux Cultes. Il y a longtemps que le ridicule ne tue plus en France : cependant on a craint de le braver d’une manière trop directe, et on a reculé. Pendant le Concordat, une direction suffisait à l’administration des Cultes ; le paradoxe a paru trop fort d’en faire un sous-secrétariat d’État depuis que le Concordat n’existe plus. On aurait pu toutefois tirer quelque parti de ce souve-