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LA FILLE DU CIEL. 789 Les soldats, au fond, agrandissent le bûcher, apportant des poutres, des fagots, des branches. Une rumeur à di’oite, dans la coulisse, par oùjde nouveaux soldats arrivent.) L’Impératrice. — Qu’est-ce, là-bas? Le chef des soldats. — C’est notre envoyé Ouan-Tsi, qui ’a pu se rapprocher de nos murs, et nous rapportera les nouvelles du dehors... Nous lui avons jeté les cordes, et le voici de retour. L’Impératrice. — Ah!... Qu’il vienne !... Y^z^a:: soldats qui, derrière elle, chargent toujours le bûcher.) Reposez-vous, mes amis!... C’est bien plus qu’il ne faut, allez, pour consumer mon corps... Pourquoi donc faire le bûcher si grand? [.E CHEF DES SOLDATS. — Pourquoi uous vouloiis taiit de flamme... Le Prince-Fidèle vous le dira, Majesté, en vous pré- sentant notre requête suprême. SCENE [I LES MÊMES, l’envoyé OUAN-TSI, qui s’approche de l’Impératrice. Ses souhers, le bas de sa robe sont pleins de sang. U se pro- sterne. L’Impératrice, à Ouan-Tsi prosterné. — Relève-toi, va!... Plus de prosternemens. Nous voici tous égaux. Il n’y a plus qu’une seule et même grandeur, celle que nous donne, pareille- ment et à tous, la noblesse du sacrifice... (Ouan-Tsi se relève.) Maintenant, parle... N’atténue rien... D’ailleurs, je devine... OuAN-Tsi. — Eh bien! oui, c’est fini, ô ma souveraine!... Votre palais seul tient encore. L’Impératrice. — Oh! pas pour longtemps... OuAN-Tsi. — Les abords de vos murailles sont évacués... Jusqu’à la fin de la nuit peut-être, ils nous laisseront vivre... L’Impératrice. — Le reste de la ville, les citadelles de l’Ouest?... OuAN-Tsi. — Aux mains des Tartares, tout!... Cette défroque d’un ennemi, seule, m’a sauvé... Dans les rues, on brûle, on pille, on égorge... Quelques milliers de femmes ont réussi à se jeter dans le fleuve... Les autres, on les viole, en même temp§