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Page:Revue des Deux Mondes - 1911 - tome 2.djvu/811

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LA FILLE DU CIEL. 805 La voix du héraut tartake, du deJiors et de très loin. — Ordre de l’Empereur. Respectez ceci! Prince-Fidèle, en hâte, au chef des soldats. — Le rocher, replacé comme nous avons dit! Murez vite! Et beaucoup de terre jetée sur le ciment frais, beaucoup de poussière... (Le chef des soldats va rejoindre les quelques hommes qui attendent devant le tombeau, tenant les pioches et les leviers. L’Impératrice, Prince- Fidèle, Lumière-Voilée, Élégance et Cinnamome se dirigent vers la porte de bronze. Les autres filles d’honneur suivent en se donnant la main, elles s’agenouillent en arrivant près de la porte.) L’Impératrice, amvée à la porte du tombeau, aux quatre personnes qui doivent y entrer avec elle. — Entrez d’abord. Je passe la dernière : ce sont mes funérailles !... Et puis, je veux encore une fois les regarder, mes héros, et, là-bas, mon beau palais qui se dessine toujours. [Aux filles d’ honneur agenouillées . ) Vous, mes filles chéries, relevez-vous, ne vous attardez pas, le lac où vous allez n’est pas proche d’ici... (Les filles d’honneur s’en vont, en se donnant la main, e-t on entend leurs- sangtots . L’Impératrice franchit la porte et puis se retourne sur le seuil comme une hallucinée, regardant la flamme du bûcher qui commence de monter, et levant les bras en grands gestes extasiés.) Ah! la belle flamme rouge!... Ah! la belle fumée qui tour- billonne!... Il fait clair dans mon palais, pour le dernier soir. Et je les vois, leurs nobles âmes, qui montent, qui montent, dans le tournoiement des spirales brunes!... Les soldats, chantant dans la flamme. — Dix mille années! Dix mille années ! L’Impératrice, aux soldats. — Allez, mes braves!... Montez, montez, volez vers le ciel des ancêtres, planez là-haut chez le Dieu des nuages ! . . . Les soldats, p/i<.s faiblement . — Dix mille années ! Dix mille années ! (On entend plus proches les coups de gong des Tartares au dehors.) L’Impératrice, aux soldats. — Et moi, je suis une morte comme vous, sachez-le bien ! C’est plus tard seulement que je prendrai mon essor; mais déjà je suis une morte, — morte à tout ce qui ne sera pas vengeance, fureur de bataille, haine sans merci!... Et je referme sur moi ma porte de bronze! (Aux soldats proches qui tiennent les leviers.) Scellez-la bien, mes