d’empêcher une nation d’avoir une armée plus forte, de la lever et de l’entretenir. Est-ce que toutes les autres s’uniraient contre elle ? Même alors, M. de Rethmann-Hollweg demande où serait le contrôle, comment on pourrait l’organiser, comment on pourrait l’exercer, et il trouve dans l’histoire de son propre pays la démonstration des impossibilités pratiques auxquelles on aboutirait. Après Iéna, dit-il, Napoléon a imposé par la force à la Prusse vaincue la limitation de ses arméniens ; il a fixé à 42 000 hommes le chiffre que son armée ne pourrait pas dépasser. Quel homme a jamais eu, quel homme aura jamais entre les mains une puissance de contrôle plus grande que celle de l’Empereur au comble de sa puissance ? Eh bien ! en dépit de l’emploi impitoyable qu’il a fait des moyens dont indisposait, Napoléon n’a pas réussi à empêcher le patriotisme prussien de former une armée quatre fois plus forte que celle qu’il lui accordait. Bien que ce patriotisme prussien se soit exercé contre nous, nous n’hésitons pas à lui rendre hommage : il y a là une belle page dans l’histoire de la Prusse et c’est en l’écrivant que ce pays s’est préparé à ses grandes destinées. Le patriotisme qu’on voudra étouffer, en lui imposant d’étroites limites, trouvera toujours le moyen de les briser ou de s’en échapper. « La question du désarmement général international, a affirmé M. de Rethmann-Hollweg, est insoluble, tant que les hommes seront des hommes et que les États seront des États. » Nous ne trouvons, quant à nous, rien à reprendre à cette conclusion, non plus qu’aux prémisses qui l’ont très logiquement amenée.
Mais l’arbitrage ! M. de Bethmann-Hollweg est loin de méconnaître et de nier les services qu’il peut rendre dans certains cas limités ; il rappelle le rôle important que les représentans de l’Allemagne ont joué dans les conférences de La Haye ; mais il rappelle aussi les conditions dans lesquelles, à La Haye, on a eu soin d’exclure de la compétence des tribunaux d’arbitrage les questions qui touchent aux intérêts vitaux ou à l’honneur d’un pays. C’est précisément cette « clause d’honneur » qu’on a proposé de supprimer dans un traité futur entre l’Angleterre et les États-Unis. « À ce sujet, dit le chancelier de l’Empire, on a, à maintes reprises, émis l’opinion que l’effet d’un pareil traité pour les autres nations serait le même que celui d’une alliance. Je considère les traités d’arbitrage internationaux, englobant le monde entier et octroyés par un aréopage international, comme aussi impossible que le désarmement international général. Pour ce qui est de la « clause d’honneur, » sa suppression n’implique nullement la paix, elle indique seulement qu’entre