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LE RÔLE D’UNE MARINE
EN CAS DE GUERRE


I

Quelques jours avant la crise ministérielle qui devait porter M. Delcassé à la Marine, paraissait une interview de lui destinée à calmer les inquiétudes publiques au sujet de notre situation navale. Pourvu que fût voté le programme de l’amiral de Lapeyrère, M. Delcassé envisageait avec optimisme l’état de nos forces maritimes. Qu’est-il besoin de leur demander ? Dans la Manche, la mer du Nord, l’Atlantique, la flotte anglaise couvre notre littoral et protège notre commerce contre les entreprises allemandes ; en Méditerranée, le programme Lapeyrère nous maintiendra plus forts que l’Autriche et l’Italie unies. Il suffit donc de conserver notre système d’alliances et d’ententes, — et M. Delcassé ne doute pas que le gouvernement ne s’en fasse une loi, — pour que notre marine reste à la hauteur de sa tâche protectrice. L’interview portait ce titre en gros caractères : La marine française au 4e rang. Qu’importe !

Ainsi, nous sommes invités à nous assurer sur la protection d’autrui ! En face de l’ennemi le plus probable et le plus redoutable, sur le théâtre principal des opérations, nous nous abstiendrons d’intervenir ! Telle est la condition de la confiance à laquelle on nous engage. Et notre marine doit paraître suffisante, dès qu’elle répond à un seul cas, celui d’une guerre entre la Triple Entente et la Triple Alliance.