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POÉSIES


SUR LE NIL

Janvier 1909.


Notre dahabieh pesante et nonchalante
Suit l’ondulation du grand fleuve endormi
Et nous rêvons… Nos cils se sont clos à demi,
Et rien ne trouble l’air, ne vibre ou ne frémit ;
Seul, le bruit des shadoufs cadence l’heure lente.

Tout est paisible, et doux, et facile, — un fellah
Nous regarde glisser, lointaine tache sombre,
Dans un miroitement de paillettes sans nombre :
Jeux subtils du soleil, de la brise et de l’ombre,
Jeux subtils, jeux divins que nous compose Allah !

Les flots sont de béryl, d’ambre et de cornaline ;
Un vol de pélicans passe, repasse encor…
La falaise s’estompe en un vague décor
Et, là-bas, le soleil, la ronde lampe d’or
Des jours, vers le couchant s’irradie et s’incline.