Rien ne sert de lutter contre ta force, Amour !
Sur le cœur endormi, le cœur aveugle et sourd
Tu planes longuement comme un oiseau de proie…
Puis, les ailes de feu qui couvent notre joie
S’abattent. Rien ne sert de lutter, rien ne sert…
Une fleur a germé sur l’aride désert
Et tu ris en la regardant. Tes yeux sauvages
Sont changeans comme l’eau qui baise les rivages,
Ta lèvre a, tour à tour, un pli tendre ou cruel,
Et ta main qui se plaît au geste habituel
Des caresses, ta main cache une arme perfide…
Et tu veux tout de nous, car l’Amour est avide !
Il te faut tous les sacrifices, tous les dons,
Tous les dépouillemens et tous les abandons ;
Il te faut nos espoirs, nos désirs, nos chimères,
Nos lourdes voluptés, et les larmes amères