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LA ROUMANIE
DANS
LA POLITIQUE DANUBIENNE ET BALKANIQUE

Le 17 septembre de l’année dernière, un journal parisien mettait en circulation une nouvelle destinée à faire sensation :

« D’après les renseignemens de source absolument sûre, qui nous sont parvenus dans la journée d’hier de Constantinople, la Turquie a conclu une entente militaire avec la Roumanie. Cette entente assure aux Turcs le concours de l’armée roumaine contre la Bulgarie dans le cas où cette puissance attaquerait la Turquie. On nous affirme, d’autre part, que cette convention a été conclue sous l’inspiration des gouvernemens de Berlin et de Vienne et que le baron Marschall, ambassadeur d’Allemagne à Constantinople, en a été l’un des principaux artisans. Elle est secrète. »

Lancée à l‘improviste, sans qu’aucun événement y eût préparé l’opinion, la nouvelle provoqua, dans toute l’Europe, une vive surprise et souleva dans la presse des discussions passionnées. En France, elle fit presque scandale. L’idée qu’un Etat balkanique puisse conclure une alliance et une convention militaire avec le Turc, fût-ce avec le Jeune-Turc, n’est pas encore acclimatée dans l’esprit public ; il s’en tient à la conception simpliste d’un antagonisme nécessaire, irréductible, entre le Turc conquérant et les peuples chrétiens du Balkan. On crut en outre trouver, dans la révélation d’une entente militaire