Page:Revue des Deux Mondes - 1911 - tome 4.djvu/191

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LES
ASSOCIATIONS OUVRIÈRES DE PRODUCTION

Ces seuls mots, Association ouvrière de production, semblent clairs par eux-mêmes, et n’ont cependant pas pour tout le monde, une clarté suffisante. Ils évoquent l’idée d’ouvriers qui s’associent entre eux pour exécuter des travaux corporatifs, et qui se partagent chaque année la totalité des bénéfices.

Si l’on s’en tient à cette conception, on ne voit pas trop en quoi une pareille Association, sous prétexte qu’elle est qualifiée d’« ouvrière, » différerait de la « Société industrielle, » sous prétexte qu’on accolerait à celle-ci l’épithète de « capitaliste ». Serait-ce parce que l’une est composée de « véritables ouvriers, » et l’autre de bourgeois qui ne touchent jamais un outil ? La distinction serait puérile. Les fondateurs de l’Association prolétarienne la plus embryonnaire caressent le rêve de la grande entreprise, où les directeurs techniques, les agens commerciaux, les employés de bureau, deviendront indispensables. Et, à la tête de la « Société industrielle » la plus colossale, la plus « bourgeoise » qui se puisse imaginer, se trouvent parfois des ouvriers enrichis par le savoir-faire ou la chance, successivement gâcheurs de plâtre, contremaîtres, tâcherons, patrons, enfin grands commanditaires d’entreprise, et à qui toutes ces promotions sociales successives n’ont pu enlever le caractère indélébile du paysan ou de l’ouvrier.

Allons donc plus avant, et comparons les deux Associations dans leurs origines, leur organisation et leur but.

La Société industrielle a été fondée par des personnes qui