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vigueur, la violence et même parfois la brutalité. C’est évidemment la violence, même involontaire, de cette foule que redoute la police, car les rues qui aboutissent au parcours réservé à la procession royale sont barrées par de solides portes en bois. À un moment donné ces portes peuvent être fermées. Comme cela il n’y aura pas de ces poussées formidables qui rompent les cordons d’agens et font tourner la fête en drame, comme au couronnement du Tsar et, il y a bien des années, le soir du sacre de Louis XVI. Pour le moment, cette foule est dans ses jours de calme. Mais quel encombrement ! Elle circule à pied, en voiture, en omnibus, en taxi-auto, en hansom. Toutefois, il y a beaucoup moins de hansoms à Londres aujourd’hui qu’autrefois. Ce sont les taxi-autos qui l’emportent, et combien supérieurs aux nôtres, plus grands, plus doux, plus propres, avec des chauffeurs moins débraillés et n’ayant pas le perpétuel cigare à la bouche. Si je ne me trompe, les premiers taxi-autos avaient été fournis à Londres par une maison française, et, il y a quelques années, je me souviens d’y avoir retrouvé avec plaisir nos petites voitures rouges. Aujourd’hui elles ont disparu. Elles ne paraîtraient plus assez confortables. Comme compagnie étrangère, la compagnie italienne F. I. A. T. me paraît, à l’œil du moins, avec de charmantes petites voitures bleues, les avoir évincées. Ainsi nous arrive-t-il souvent à nous Français ; nous partons les premiers, nous prenons l’avance, puis un je ne sais quoi fait que nous ne la gardons pas.

Toutes ces voitures circulent avec un ordre parfait et obéissent avec intelligence et bonne volonté aux indications des policemen. Une fois de plus, je constate que la police de Londres est admirablement bien faite. Les agens ont renoncé au bâton blanc que nous leur avons emprunté. Ils ont remplacé ce geste un peu autoritaire du bâton par des mouvemens mesurés, doux, à peine perceptibles, auxquels tout le monde obéit. Les voitures s’arrêtent, reprennent leur marche, tournent à droite et à gauche, exactement comme les policemen, dont la quantité est innombrable, le leur indiquent. Jamais elles ne s’accrochent ; jamais les cochers ne s’injurient. Tout se passe avec un ordre parfait et en silence.

Parmi ces voitures, j’en ai remarqué un certain nombre, de types absolument démodés, conduites par de bons vieux cochers. Ce sont, je m’imagine du moins, des carrosses que des provinciaux