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Page:Revue des Deux Mondes - 1911 - tome 4.djvu/269

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Le chœur entonne à ce moment, sur l’air liturgique qui nous est familier, une traduction littérale du Veni Creator Spiritus, puis il chante, sur un air de Haendel, ce verset célèbre du livre des Rois : « Zadoc le prêtre et Nathan le prophète oignirent Salomon Roi. Et tout le peuple se réjouit et dit : Que Dieu sauve le Roi ! » Le Roi ayant dépouillé sa robe rouge et ôté sa cape se rend devant l’autel et s’assoit sur le trône d’Édouard Ier qui a servi à tous les couronnemens et sous le siège duquel se trouve la pierre de Scone, symbole du pouvoir des souverains de l’Ecosse, et sur laquelle, dit la légende, aurait reposé la tête du patriarche Jacob, après son songe. Un prie-Dieu est devant lui. Au-dessus de sa tête quatre chevaliers de la Jarretière, dont l’un est lord Rosebery, tiennent un dais d’or. Le doyen de Westminster verse alors dans la cuillère quelques gouttes de l’Huile sacrée tirée de l’Ampoule et la passe à l’Archevêque qui oint le Roi sur la tête, sur la poitrine et sur les deux mains. Le Roi s’agenouille et l’Archevêque debout, étendant les deux mains, le bénit en prononçant une prière. Le Roi est sacré.

Il se relève alors, reçoit des mains du Doyen le Colobium sindonis qui est une sorte de rochet et la Super-tunique qui est un grand manteau d’or. Successivement lui sont remis, avec un cérémonial trop long à raconter, les Eperons d’or qu’il reçoit du Grand Chambellan, l’Epée d’État et l’Epée de Justice qu’il reçoit de l’Archevêque, c’est-à-dire de l’Église. Il reçoit également l’Armilla, qui est un autre manteau d’or, le Globe, l’Anneau, le Sceptre avec la Croix, le Sceptre avec la Colombe. Il a reçu ainsi, toujours des mains de l’Archevêque, tous les attributs de la souveraineté. Il ne lui reste plus qu’à recevoir la Couronne.

C’est l’instant solennel. C’est encore des mains de l’Église qu’il la recevra. Cette couronne est une reproduction de celle d’Édouard le Confesseur. Elle est posée sur l’autel. « Dieu ! couronne du fidèle, dit l’Archevêque, bénis, nous t’en prions, et sanctifie ton serviteur George, notre Roi, et, comme aujourd’hui tu poses une couronne d’or pur sur sa tête, de même enrichis son royal cœur de ton abondante grâce et couronne-le de toutes les vertus princières, par le roi éternel Jésus-Christ Notre-Seigneur. » Il reçoit alors la couronne des mains du doyen de Westminster qui a été la chercher sur l’autel et la pose, « avec respect, » dit le Cérémonial, sur la tête du Roi. À ce