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et au Garden party du 27. Il ne s’entourera pas d’une coterie élégante. Sa vie sera grave, dignement remplie. Il travaillera plus qu’il ne s’amusera. Il se montrera le digne petit-fils de la reine Victoria et du prince Albert. Ainsi il acquerra et il a déjà acquis une popularité solide. He is doing very well. Voilà ce que l’on dit déjà de lui. On le dira davantage encore et, peu à peu, il gagnera la force nécessaire pour intervenir entre les partis. Souhaitons-le pour l’Angleterre, car prochainement il pourrait bien avoir besoin de cette force.


LA REVUE NAVALE


24 juin.

C’est aujourd’hui le dernier jour des fêtes, et ce sera la plus significative de toutes, c’est le jour de la Revue navale. Lorsqu’une grande puissance invite chez elle, pour une raison ou pour une autre, les représentans des puissances étrangères, elle aime toujours à leur montrer ce qui donne le mieux l’idée de sa force. Quand, aux premiers beaux jours de l’Alliance russe, nous avons reçu le Tsar, nous lui avons montré notre armée dans la plaine de Betheny. Aujourd’hui l’Angleterre va nous montrer sa flotte dans la rade de Spithead. Grâce à l’amabilité de l’ambassadeur qui depuis douze ans, — grand espace de la vie d’un diplomate, — représente la France à Londres avec tant de dignité et de tact, j’ai reçu de l’Amirauté une carte me permettant d’assister à cette revue sur un grand bâtiment de la Compagnie Péninsulaire et Orientale que l’Amirauté met à la disposition de ses invités. Un train spécial qui partira de la gare de Waterloo nous amènera à Southampton où nous nous embarquerons. Je me joins dans ce train au petit groupe des jeunes secrétaires ou attachés à l’ambassade de France, qui ont la bonne grâce de ne point paraître trouver ma compagnie trop ennuyeuse. Comme c’est agréable, à l’étranger, de retrouver des Français, et surtout des Français comme ceux-là !

À onze heures et demie, nous arrivons à Southampton. Le temps est très menaçant, le ciel chargé de gros nuages noirs ; nous nous attendons aux pires choses. Le bâtiment sur lequel nous nous embarquons et qui s’appelle le Plassy, regorge de monde. En plus de nombreux invités de l’Amirauté, il transporte