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même qu’il ne semble raisonnable. Mais c’était une si bonne bête, et puis je devine bien combien maman doit le regretter.

D’Artois m’a écrit une longue lettre, où il me donne une idée des feuilletons, qui sont mauvais, comme je m’y attendais. J’ai lu ici celui de Sarcey, qui est exécrable. La lettre de d’Artois est très affectueuse pour moi ; ne lui en veuillez pas s’il vous néglige ; il doit être bien occupé.

Ce qu’Annette m’écrit sur sa santé m’inquiète très vivement.

Hélas ! je ne puis lui recommander que la patience et la résignation. Il est impossible que de meilleurs jours ne viennent pas pour nous et que la chance nous reste contraire. Santé et succès, tout reviendra, je l’espère. Nous sommes de braves gens, nous méritons d’être à peu près heureux, et ; en lin de compte, la justice finit généralement par triompher.

Paul Haag a toutes les délicatesses et toutes les tendresses de l’amitié ; il ne songe qu’à me distraire et à m’amuser. Moi, je lui cache ma tristesse, qui est profonde cependant. Enfin, je ne suis qu’affligé, non pas découragé. Je livrerai d’autres batailles, et il ne se peut pas qu’elles soient toutes aussi malheureuses.

Amitiés à tous. Je vous embrasse comme je vous aime.

FRANCIS.


Tours, 29 avril.

Ma chère Annette, ma bonne mère.

Votre dernière lettre m’a fait grand plaisir ; elle est plus gaie que les précédentes et me prouve que tout va mieux, moral et physique.

Me voici revenu à Tours, chez la bonne Mme Haag, qui a pour moi des soins tout maternels ; je ne saurais jamais lui être assez reconnaissant. Je commence à oublier un peu le vilain pas que je viens de traverser, La province a ce mérite qu’elle vous fait juger bien plus sainement ce qu’on prend à Paris pour de si graves événemens ; et je vois bien, par le peu d’écho qu’ils produisent hors des fortifications, que le succès ou le four d’une comédie sont des choses de peu de portée.

Au revoir, chères bonnes femmes. Faites mes amitiés à tous, et recevez mes plus tendres baisers. FRANCIS.