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de s’accroître, en même temps que s’amélioraient les conditions de l’hygiène sociale ; malgré les vicissitudes climatériques dont l’homme n’a pu s’affranchir, mais dont il atténue déjà la malfaisance, le mouvement du commerce a doublé ; pour la première fois, en 1910, il a dépassé un milliard de francs. Les recettes des chemins de fer d’intérêt général, qui étaient de 28 millions en 1901, dépassent, en 1910, 45 millions et demi, en dépit de nombreux abaissemens de taxes. Tous les budgets, sans exception, se sont soldés en excédent : 3 millions pour 1909, qui fut une année de crise, plus de 9 millions en 1903, année d’abondance. La progression du rendement des impôts procède donc d’une progression des ressources imposables, c’est-à-dire qu’elle n’accuse aucun excès de fiscalité ; il y aurait lieu de s’étonner, de s’alarmer presque, s’il n’en était ainsi, en constatant que le budget ordinaire, fonds d’emprunts déduits, a passé de 55 millions en 1901 à 88 millions en 1908 et doublé le cap de 100 millions l’année dernière[1].

Le poids total des impôts n’a pas été augmenté depuis 1901 ; il y aurait eu plutôt, en ce qui concerne le budget spécial, un léger adoucissement des charges du contribuable algérien ; la montée des dépenses, considérable mais raisonnée, a toujours été compensée par la montée parallèle des recettes normales. À plusieurs reprises, la métropole a déclaré applicables à l’Algérie des lois qui n’avaient pas été faites pour elle, et qui ont creusé des brèches profondes dans son budget ; ainsi la loi du 28 janvier 1903, qui réduisait la taxe sur les sucres, étendue à l’Algérie par décrets des 2 juillet 1903 et 23 août 1904, représentait pour l’exercice 1909, d’après le rapport de M. Cochery, un manque à gagner de plus de 3 millions ; la loi du 6 mars 1906, fixant la taxe des lettres à dix centimes, coûtait pendant la première année 800 000 francs au budget spécial. Plus tard, la colonie a dû participer aux frais d’entretien et de transport de ses condamnés, puis aux subventions des services maritimes. Or non seulement elle a, sans faiblir, supporté ces charges nouvelles, mais elle s’en est imposé de volontaires, devançant même la métropole, par exemple, pour améliorer le sort de ses instituteurs.

  1. Le budget total pour 1911, y compris recettes et dépenses sur fonds d’emprunt et prélèvemens sur la caisse de réserve, se balance à 144 550 000 francs. Décret du 20 décembre 1910.)