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Page:Revue des Deux Mondes - 1911 - tome 4.djvu/433

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avec sollicitude, souvent avec succès, d’améliorer la production et la circulation. Les personnes qui visitent l’Algérie maintenant, après l’avoir vue quelques années auparavant, sont étonnées de la rapide transformation des villes, des habitations rurales et même de la vie des indigènes ; le mouvement est moins vertigineux sans doute que dans les pays neufs de l’Amérique du Sud, où la terre inoccupée s’offre, indéfinie, au labeur des colons, mais l’impression d’ensemble est celle d’une poussée vigoureuse, d’une admirable moisson qui lève. L’administration n’avait d’autre devoir que d’éclairer et, si possible, de hâter ce mouvement ; étrangère aux préoccupations d’intérêt immédiat, qui sont celles des particuliers, elle pouvait se proposer les tâches qui réclament un effort prolongé et, pour ainsi dire, des placemens à long terme ; spécialisée à l’Algérie, elle s’appliquerait à pénétrer les secrets de la nature africaine, à stimuler et soutenir, sans pourtant s’y substituer, les initiatives particulières.


Pendant la crise phylloxérique, en France, le vignoble algérien fut étendu par des colons immigrans, avec une passion fiévreuse. Bien que le phylloxéra ait passé la Méditerranée dès 1895, gagné l’Oranie d’abord, puis Constantine et enfin Alger (1907), les planteurs n’ont pas désarmé ; le service phylloxérique, actif et bien renseigné, les a munis de porte-greffes, a organisé des leçons pratiques dans les localités atteintes, multiplié pépinières et stations d’essais. Puis, la surproduction ayant conduit à la mévente, on s’est préoccupé d’aider la viticulture en facilitant le commerce des vins et d’autres produits de la vigne, mistelles, moûts stérilisés. L’administration a organisé des missions d’enquête à l’étranger et la vente exceptionnelle de la récolte de 1910 n’arrêtera pas la recherche d’innovations nécessaires, concertée entre les producteurs et les services publics. En matière de céréales, sur la demande des agriculteurs et s’associant au gouvernement tunisien, dont les intérêts sont les mêmes que ceux de l’Algérie, le gouvernement général a envoyé un représentant au Congrès nord-américain du Dry farming (octobre 1910) ; ce délégué a rapporté des observations de haute valeur, d’après lesquelles notre Afrique du Nord pourra entreprendre des cultures de céréales partout où le sol reçoit 300 millimètres de pluie par an ; on en réclamait