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Page:Revue des Deux Mondes - 1911 - tome 4.djvu/440

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République, qui sut trouver pour tous des paroles d’encouragement et de sympathie, exaltant partout un même idéal civique d’entente, de tolérance et d’apaisement. Peu de jours après, en ouvrant la session des Délégations financières, M. Jonnart affirmait sa résolution de marcher dans la voie tracée par les innovations de 1900, de préciser « les institutions spéciales qui conviennent à une jeune colonie, si différente de la vieille France. « Il formulait ainsi l’espoir de tous les Algériens laborieux ; seuls, des agitateurs professionnels devaient craindre l’avènement d’une telle politique ; le moindre mérite du budget spécial n’est pas d’avoir déclassé ces gens-là

Aux représentans qui avaient désormais la charge en même temps que l’honneur de l’autonomie, l’Algérie parut peu à peu ce qu’elle est, avec ses forces et ses faiblesses, avec ses populations diverses, en progrès parallèle et qu’il convient, selon le mot connu de Waldeck-Rousseau, de faire évoluer chacune dans sa civilisation. Aux Délégations financières, les Français rencontraient des notables indigènes, attachés comme eux au progrès commun de l’Algérie ; tous discutaient les mêmes problèmes, apprenaient à se connaître les uns les autres, dégageaient de mieux en mieux les raisons et les avantages de leur solidarité. Les Délégations furent, dès l’origine, un organe excellent de la politique d’association. Cette assemblée avait, au début, rencontré deux séries d’adversaires ; les uns prédisaient qu’elle serait, aux mains du gouverneur général, un instrument servile, une machine à voter des impôts ; les autres la présentaient comme une anticipation de sécession algérienne. La sagesse des Délégués financiers a démenti ces appréhensions ; il serait à souhaiter que les parlemens proprement dits montrassent un goût aussi sûr pour des débats sérieux, approfondis, où les opinions s’expriment avec la plus libre et la plus courtoise vivacité. Dans l’œuvre de la transfiguration récente de l’Algérie, il serait injuste de ne pas faire très large la part des Délégations ; tel rapport sur le budget, sur l’enseignement, sur l’hydraulique agricole soutiendrait la comparaison avec les meilleurs de nos « documens parlementaires. » Pour les initiateurs des lois qui instituèrent les Délégations, il n’est pas de récompense plus distinguée que l’histoire même de cette assemblée.

Composées à l’image de la société algérienne, les Délégations