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Page:Revue des Deux Mondes - 1911 - tome 4.djvu/50

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gothiques est le principe de verticalisme. C’est lui qui donnera aux voûtes des églises une plus grande hauteur que dans les constructions italiennes, c’est lui surtout qui voudra les hautes façades et les clochers. C’est l’esprit gothique qui, au début de l’âge de la Contre-Réforme, inspirera la façade de Saint-Gervais et l’église de Saint-Paul-Saint-Louis ; et c’est lui qui, à la fin de cet âge, réapparut dans ses œuvres les plus significatives, à l’église de Saint-Sulpice et au Dôme des Invalides.


À Paris, l’Église des Carmes, construite de 1613 à 1625, peut être considérée comme le début de l’importation italienne, mais ce n’est encore qu’un timide essai, où l’on voit subsister, à côté des nouveautés étrangères, de nombreuses formes françaises, notamment les larges fenêtres séparées par des divisions verticales et faites encore pour recevoir des vitraux. Comme caractères italiens, il faut noter dans la nef les piliers flanqués de pilastres et surtout la coupole s’élevant à la croisée du transept, la première que l’on voyait en France. Mais, soit par le style et la disposition des pilastres, soit par la manière dont la coupole se raccorde aux nefs, l’architecte fait preuve d’une naïveté surprenante et d’une ignorance encore grande de ce style italien qu’il tente d’imiter. On remarquera aussi les peintures de la coupole qui sont l’œuvre d’un Flamand, mais d’un Flamand italianisé, de Flemael, qui eut le mérite d’être le premier en France à peindre une coupole et de la peindre avec toutes les difficultés que présente une semblable tâche, non par compartimens isolés, mais dans une composition d’ensemble, en imitation de ce qu’avaient fait le Corrège et, après lui, les maîtres de Bologne[1].

Comme celle des Carmes, l’Église des Pères de l’Oratoire est encore un très intéressant alliage des formes italiennes et des formes traditionnelles de l’art français. Si, dans cette église commencée en 1621 par Métézeau, on fait abstraction des parties terminées par Lemercier, on remarque, à côté de l’emploi

  1. La date des peintures de Flemael n’est pas connue, mais elle doit être sensiblement postérieure à la date de 1625 donnée comme celle d’achèvement de l’église. En 1625, Flemael n’avait que onze ans et nous savons en outre qu’avant de venir à Paris il avait fait un séjour à Rome et travaillé auprès de Poussin dont il est considéré comme l’élève.