Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1911 - tome 4.djvu/569

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’opérations, et, dans la nuit du 2 au 3 octobre, il arrive à Wurzbourg, au milieu de ses soldats.

La Grande Armée, selon ses ordres expédiés de Saint-Cloud et de Mayence, était alors concentrée tout entière en Franconie dans un rayon de douze lieues autour de Bamberg, prête à faire front sur tous les points. Il y avait 128 000 fantassins, 28 000 cavaliers et 10 000 canonniers, sapeurs du génie, hommes du train, gendarmes, etc., avec 256 bouches à feu : 1er corps (Bernadotte : 21 163 hommes) à Kronach ; 5e corps (Lannes : 21 533 hommes) à Königshoffen ; 3e corps (Davout : 28 756 hommes) à Bamberg ; 4e corps (Soult : 28 960 hommes) à Amberg ; 6e corps (Ney : 19 267 hommes) à Nuremberg : 7e corps (Augereau : 19 536 hommes) et la Garde (8 726 hommes) à Wurzbourg ; corps de cavalerie (Murat : 18 267 hommes) en avant des corps d’armée et dans les intervalles.

À cette date du 4 octobre, l’armée prussienne, dont les chefs s’étaient flattés de surprendre les Français dans leurs cantonnemens espacés, occupait, par masses et par groupes, une ligne de 35 lieues (140 kilomètres) d’Eisenach à Swickau. L’armée royale sous Brunswick : compris le corps de Rüchel, et le détachement sous Blücher, 60 500 hommes, à Eisenach, Gotha, Erfurt et Weimar ; l’armée d’Hohenlohe, y compris la division saxonne (46 500 hommes), à Iéna, Roda, Schleiz, Hoff, Géra et Swickau. Il y avait en outre en réserve, à Magdebourg, le corps du prince de Wurtemberg (20 000 hommes) et, en Silésie, environ 25 000 hommes de troupes. L’armée prussienne montait donc en tout à 152 000 fusils et sabres, dont 107 000 seulement sur le terrain présumé des opérations, et encore singulièrement espacés. Il y avait plusieurs causes à ce morcellement de l’armée prussienne. D’abord la mobilisation en avait été malaisée et lente, et sans attendre que tous les corps en formation pussent commencer leur mouvement, les corps déjà concentrés s’étaient portés en avant. En outre, il y avait, dans le commandement, rivalité de personnes et divergence de plans. Brunswick a le commandement en chef, mais il commande spécialement l’armée principale, tandis que Hohenlohe a un commandement particulier. Et il y a de plus le roi Frédéric-Guillaume, que l’un et l’autre de ces grands chefs s’efforce de gagner à sa conception stratégique. « On compte trois généraux en chef, écrit Clausewitz le 28 septembre, alors qu’il ne devrait y en