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coucha à Kapellendorff étaient-ils aussi calmes et aussi satisfaits ? il semble en tout cas que, pendant cette nuit-là, ils dormirent beaucoup plus longtemps que Napoléon, car ils ne prescrivirent aucune disposition pour la matinée du lendemain. Les troupes devaient simplement, jusqu’à nouvel ordre, rester dans leurs positions et s’y bien garder. Après avoir renoncé, vers midi, à rejeter des hauteurs Lannes dans la vallée de la Saale, Hohenlohe avait eu l’idée de se porter avec 4 bataillons, 21 escadrons et 2 batteries à Dornburg, où un ordre reçu de Brunswick enjoignait d’envoyer un détachement pour couvrir la marche en retraite de l’armée principale. Dornburg n’étant pas occupé par les Français, il fit cantonner le détachement dans cette ville et aux environs, en confia le commandement au général Holtzendorf, et ayant ainsi privé Tauenzien de plus de 4 500 fusils et sabres, il revint en toute sécurité coucher à son quartier général de Kapellendorff. Bien qu’il sût depuis midi que les tirailleurs de Lannes couronnaient le Landgrafenberg et qu’il eût appris dans la nuit, par une dépêche de Tauenzien, que les Français augmentaient en nombre sur ce plateau et y travaillaient même à amener de l’artillerie, il n’envoya aucun ordre nouveau à ce lieutenant, ni aux généraux de sa propre armée. Il n’y avait aucun doute que la bataille fût imminente. Il ne lit rien pour s’y préparer ou s’y dérober.


HENRY HOUSSAYE.