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Et malgré tout, quelques œuvres que l’on puisse citer, il faut dire qu’il n’y eut jamais en France de période plus pauvre en sculptures. C’est une conséquence logique de toutes les tendances de la Contre-Réforme.


IV. — LA PEINTURE

En revanche, cette période voit se créer une puissante école de peinture. Comme à Rome, la France chrétienne va délaisser la sculpture trop païenne, pour donner toutes ses préférences à la peinture. Les églises de la Contre-Réforme, construites en style classique, offrent aux peintres ces murailles qu’ils avaient trouvées dans le style roman, et que le style gothique leur avait fait perdre. Le style gothique, en supprimant les murs, avait par là même tué la peinture française ; mais, comme nous l’avons dit plus haut, il l’avait remplacée par l’art du vitrail. Et si l’on veut bien se rendre compte de l’évolution de l’art français, il y a une autre forme de peinture dont il faut parler, c’est la tapisserie, qui, pour la décoration des demeures privées, fut ce qu’était l’art du vitrail pour les églises. Enfin, l’art de la miniature et l’art des émailleurs ont complété cet ensemble vraiment merveilleux qui, sans désavantage, peut être mis en parallèle avec la production des plus grandes écoles de peinture étrangères[1].

C’étaient de précieuses traditions, mais il fallait les compléter et les transformer, il fallait faire renaître cet art de la peinture à l’huile et cet art de la fresque qui allaient devenir nécessaires pour décorer les autels et les murs des nouvelles églises. Et pour cela le moyen le plus sûr était d’aller à l’étranger, en Italie, à Rome même, dans cette ville où venait de se créer cet art de la Contre-Réforme que la France voulait introduire chez elle, et où elle allait trouver dans les peintres de l’Ecole de Bologne les maîtres qui, plus que tous autres, pouvaient l’instruire et la diriger dans la voie nouvelle où elle s’engageait. Ce serait une erreur et une ingratitude de le nier :

  1. N’est-ce pas à cet atavisme, à ces souvenirs de l’art du vitrail, de la tapisserie, de la miniature et de l’émail que l’école moderne française doit d’avoir créé cet art du XIXe siècle qui a révolutionné le monde, un art qui lutte avec la finesse, la transparence et l’éclat de la lumière, un art d’une vivacité et d’une douceur que les plus grands coloristes, que les plus grandes écoles du passé, n’ont pas connu ?