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EN GASCOGNE

À PROPOS DU PROBLÈME DE LA NATALITÉ

La faiblesse extrême de la natalité est la question qui prime et domine tout en Gascogne. Elle pèse d’un poids accablant sur la vie économique, sociale, familiale, individuelle et, en cherchant bien, on trouverait que la politique n’échappe pas à sa répercussion.

Si les terres les plus fertiles sont vendues à bas prix et les autres menacées d’abandon ; si toute une classe sociale, la bourgeoisie terrienne, est ruinée et condamnée à disparaître ; si la dégénérescence de la race s’aggrave chaque jour ; si les vertus que développe la famille nombreuse et qui sont la force vive d’un peuple deviennent rares ; si de tous côtés se montrent des signes de dépression et de découragement, c’est l’ « hyponatalité »[1] qui en est cause. Elle étend sur le pays une ombre discrète de tristesse, la tristesse des hameaux dont tous les toits n’ont plus leurs petites fumées aux approches du soir, la mélancolie des choses finissantes. Sur les cartes de la natalité de la France, la tache noire de la Gascogne, la plus sombre de toutes, n’est pas un vain symbole.

La natalité décroît chez tous les peuples civilisés ; elle a baissé en France beaucoup plus que partout ailleurs et elle est plus basse en Gascogne que dans le reste de la France. Pour mille habitans, il y a chaque année 36 naissances en Hongrie,

  1. On nous permettra d’employer le mot, bien que son état civil grammatical ne soit pas irréprochable, parce qu’il a l’avantage d’être clair et commode.