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alluvions diamantifères du Brésil, paraît avoir dédaigné ce pur minéral. D’ailleurs, alors qu’aujourd’hui nous hésitons à le comparer à l’émeraude, au rubis, au saphir (la beauté de la perle est tout à fait spéciale et ne saurait faire l’objet d’aucune assimilation), il est assez singulier de constater que les Indous eux-mêmes osaient rapprocher de lui des pierres aussi vulgaires que la topaze, l’œil-de-chat et le corail.

Aucune gemme, cependant, ne saurait rivaliser, pour ses feux, avec le diamant incolore (diamant blanc). Ces feux, on le sait, sont dus à la réflexion totale de la lumière transmise à la surface intérieure de la pierre, réflexion que sa forte réfringence favorise, ainsi que la disposition des facettes créées par le lapidaire ; leurs couleurs variées proviennent du très grand pouvoir dispersif de la matière. Certes, d’autres substances possèdent la même propriété ; mais les feux du diamant n’auraient point leur éclat caractéristique, les couleurs engendrées par la décomposition de la lumière ne seraient pas aussi franches, si la pierre n’était douée d’une admirable transparence qui favorise ces phénomènes au plus haut degré, et qu’une pierre colorée, si belle qu’elle soit, ne saurait avoir.

Quant à sa fragilité, personne, aujourd’hui, ne s’aviserait de frapper un diamant sur une enclume, avec un marteau : tout le monde sait que le minéral volerait en éclats au premier choc. Cependant, Pline a écrit le contraire, et cette erreur (erreur incompréhensible, on l’avouera) est restée longtemps gravée dans les esprits, puisque, au XVe siècle, les Suisses voulant, après la mort de Charles le Téméraire, connaître la valeur du trésor qu’ils trouvèrent dans ses dépouilles, frappèrent les plus gros diamans à coups de marteau pour juger de leur qualité : naturellement, ils les brisèrent et en conclurent sottement qu’ils étaient faux.

Toutefois la nature du diamant restait inconnue. Pline avait affirmé, sans preuves, qu’il est inaltérable au feu et ne brûle jamais ; suivant lui, cette propriété, jointe à sa très grande dureté, expliquait son nom grec d’adamas, c’est-à-dire « l’indomptable. » Vers la fin du XVIIe siècle seulement, on s’avisa de discuter et de vérifier l’assertion du grand naturaliste latin ; mais il fallut Lavoisier pour qu’on arrivât à établir nettement, vers le commencement du siècle dernier, que le diamant n’est que du carbone cristallisé, qui ne brûle puis quand on le chauffe, si