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Page:Revue des Deux Mondes - 1911 - tome 4.djvu/774

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deux ou trois bataillons, il s’avisa de la faire d’abord flanquer à la droite et à la gauche par sa cavalerie qui fut à cet effet divisée en deux grandes masses : 17 escadrons à la gauche et 10 escadrons à la droite avec la batterie à cheval Steinwehr. Dès que la tête de la cavalerie d’aile droite (régimens Priwitz dragons, et Henckel cuirassiers) déboucha à la droite de Vierzenheiligen, entre ce village et le petit bois de Holschen, elle fut vivement fusillée par les tirailleurs du 40e qui s’étaient ralliés. Le major Loucy proposa de les charger, mais on préféra les disperser par le feu de la batterie de Steinwehr, immédiatement établie au sud de Vierzenheiligen. De là elle mitraillait les tirailleurs et contrebattait à coups de boulets la batterie de la Garde.

De part et d’autre, le combat très ralenti se bornait encore à cette canonnade et à des tireries. Ney, de sa propre inspiration, recommença la bataille. Arrivé, on le sait, à la gauche de Lannes vers neuf heures et demie, il avait poussé au-delà de Lutzeroda. Voyant les nouvelles positions prises par les Prussiens, il pensa à couper leur droite de leur centre en venant occuper le terrain entre Vierzenheiligen et le petit bois de Holschen. Bien qu’il eût avec lui seulement 2 bataillons d’élite et la cavalerie de Colbert (10e chasseurs et 3e hussards), il se détermina à attaquer incontinent, et lança sur la batterie Steinwehr le 10e chasseurs. Un escadron sabra les servans et les conducteurs, s’empara des pièces, tandis que les deux autres escadrons chargeaient les cuirassiers Holtzendorf soutenus de la batterie et les refoulaient assez loin sur les cuirassiers Henckel que les fuyards mirent en désordre et qui se rejetèrent avec eux jusque sur l’infanterie de Grawert. Mais les Priwitz-dragons prennent de flanc les chasseurs français bientôt chargés aussi par les cuirassiers Henckel vite ralliés. Le 10e chasseurs est rompu et, laissant à l’ennemi plus de 100 blessés et prisonniers, est vivement ramené dans le vallon jusque sur l’infanterie de Ney. Les deux bataillons d’élite se forment en carré et laissent arriver les cuirassiers à vingt pas sans tirer un coup de feu. « Cette contenance, dit Ney, et l’apparition sur leur flanc du 3e hussards les firent rebrousser. »

Ney, cependant, craignait pour lui et pour l’armée une offensive de l’ennemi, dont il apercevait les masses derrière Vierzenheiligen. « En attendant l’arrivée des renforts, il était de la