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Avec le nonchaloir d’un grand enfant gâté
Qui capitule,
Autant que je le puis, ce départ redouté
Je le recule…

Mais sourde à mon émoi l’heure marche à grands pas
Exacte et vive,
Et le jour différé tant de fois vient, hélas !
Car tout arrive !

Partons donc ! puisqu’il faut vaguer par les chemins
En ce bas monde
Et que seule la mort donne aux pauvres humains
La paix profonde…

Sitôt que le printemps endosse, preste et clair,
Sa robe verte,
Quittons cette maison qui pour les mois d’hiver
Nous fut ouverte !

Voulant qu’on l’abandonne avec plus de regrets,
 — Oh ! la coquette ! —
Elle a pris ce matin plus de soin que jamais
À sa toilette :

Diligemment lavé par l’averse d’hier,
Net de poussière,
Le bon vieux toit s’allonge étincelant et fier
Sous la lumière ;

Les volets ont mis plus de lenteur à s’ouvrir,
Plus d’indolence ;
J’entends dans le jardin déjà prêt à fleurir
Plus de silence ;

Le babil des oiseaux vibre plus argentin ;
La moindre allée
Nous semble plus jolie et par quelque lutin
Tout frais sablée ;