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général de l’Allemagne, nous avons cru devoir imiter l’organisation de nos adversaires en l’adaptant néanmoins à notre tempérament et à nos institutions.

En vue de former un nouveau corps d’état-major, mieux préparé à sa mission de guerre, nous avons créé une École supérieure de Guerre qui employa d’abord les méthodes d’instruction de l’Académie de guerre de Berlin, mais les éleva bientôt à un haut degré de perfectionnement.

Ultérieurement on créa, sous la présidence du Ministre de la Guerre, le Conseil supérieur de la Guerre composé des officiers généraux désignés pour le commandement des différentes armées et d’autres sans commandement éventuel ; ces officiers recevaient une lettre de service permanente. Le Conseil supérieur de la Guerre devait être consulté sur toutes les questions se rattachant à la préparation à la guerre, notamment sur le plan de concentration ; ce plan était établi par l’état-major général de l’armée suivant les vues du ministre qui n’était pas astreint à tenir compte des avis du Conseil supérieur de la Guerre.

Le vice-président de ce conseil était le commandant désigné du groupe d’armées du Nord-Est ; cet officier était mis au courant du plan de concentration, mais il n’avait aucune action sur l’élaboration de ce plan qui pourtant lui imposait, en quelque sorte, ses premières opérations. C’était là, à tous points de vue, une situation regrettable et une cause de conflits entre le vice-président du Conseil supérieur et le chef d’état-major général, conflits d’autant plus dangereux qu’à la mobilisation, ce dernier partait en campagne comme major général du commandant en chef du groupe d’armées du Nord-Est. Les membres du Conseil supérieur de la guerre ayant un commandement éventuel en cas de mobilisation étaient chargés de l’inspection des corps d’armée entrant dans la composition de leur armée ; mais cette inspection était bisannuelle et limitée à quelques jours seulement. Ils étaient aidés par une sorte de bureau militaire composé d’un officier supérieur et de deux capitaines, noyau de leur futur état-major ; leurs chefs d’état-major de guerre, qui conservaient d’ailleurs en temps de paix le commandement d’une brigade ou d’un régiment, étaient désignés, mais mis seulement à leur disposition pour quelques rares exercices sur la carte ou sur le terrain. On comprend tous les inconvéniens