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CE QU’ÉTAIT UN ROI DE FRANCE

III[1]
LA POPULARITÉ ET LE « BON PLAISIR » DU ROI


VI. — LE « FRONT POPULAIRE » DE LA MONARCHIE

« Quelle haute idée nos pères ne devaient-ils pas avoir de la royauté, écrit Bonald, puisqu’ils respectaient des rois qui marchaient pour ainsi dire au milieu d’eux, dépouillés de tout l’éclat qui les environne aujourd’hui ! » La monarchie avait « un front populaire, » pour reprendre l’expression de Sébastien Mercier.

Dès la fin du XIe siècle, Guibert de Nogent oppose la bonhomie paternelle des rois de France à la hauteur des souverains étrangers : « Chez les rois de France, dit-il, on trouve toujours une naturelle simplicité ; ils sont parmi leurs sujets comme l’un d’entre eux. » Le palais des premiers Capétiens offre le spectacle d’une intimité coutumière entre monarque et sujets. Nous avons vu qu’il était ouvert à tout venant. Le jardin du Roi, à la pointe occidentale de la Cité, est devenu « le Jardin de Paris. » Le souverain, sa femme, ses enfans, sa famille, s’y mêlent à la foule des bourgeois. Les étudians allemands qui fréquentent l’Université de Paris, en raillent Louis VII. « Le roi de France, disent-ils, vit parmi ses sujets à la manière d’un bourgeois,

  1. Voyez la Revue du 15 septembre et du 1er octobre.