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princes de Savoie et les princes émigrés. Charles-Félix note avec satisfaction les journées où il n’a pas rencontré les Français.


22 janvier. — Point de Français pendant toute la journée.

25 janvier. — Point de Français à dîner.

2 mars. — Promenade avec le Roi sur le chemin de Rivoli. Rencontré les trois Condé avec MM. de Tarente, du Cayla, Virieu et Choiseul, qui vinrent avec nous, ce qui ne m’a pas beaucoup amusé.


Sa mauvaise humeur éclate parfois en paroles :


14 avril. — Après dîner, discours sur l’impertinence des Français, dans lequel je me suis horriblement emporté.


Ou encore elle s’épanche, dans l’intimité du Journal, en qualifications d’une rigueur excessive.


22 avril. — Il y a de très fortes brouilleries entre la maison de Carignan et celle de Condé. Ces derniers ont tous les torts, puisqu’il est bien étrange que de misérables fugitifs viennent faire les impertinens dans un pays où on les a reçus par charité.


Sa sévérité de jugement semble d’ailleurs s’étendre à la famille de Bourbon tout entière :


17 mars. — On a beaucoup parlé de la duchesse de Bourbon, laquelle est fort dévote, mais elle est un peu folle et prétend à tout moment avoir des visions de son bon ange et des âmes du purgatoire.


Celui des jeunes princes pour lequel Charles-Félix est le moins sévère est le duc de Berry, dont le caractère expansif et ouvert trouve grâce devant ses yeux : il note souvent les faits et gestes du jeune homme sans les faire suivre d’aucune désobligeante réflexion.


24 janvier. — C’est aujourd’hui la naissance du duc de Berry, il accomplit douze ans.

26 janvier. — A l’Opéra il y avait les petits d’Artois, lesquels vinrent à la Couronne au troisième acte avec leur père et les trois princes de Condé. Les enfans soupèrent avec nous, ainsi que les Chablais. Berry était fort aimable.

16 mars. — La comtesse d’Artois ne parut pas le soir ayant eu son carrosse brisé au milieu de la rue Saint-Philippe, mais le comte d’Artois vint avec les deux petits. Berry a récité le poème du Lutrin.

1er avril. — Jeudi-Saint. Cérémonie et procession de l’Adoration ; à la tribune d’en bas, il y avait le comte d’Artois avec ses deux fils. Le prince de Condé, le duc de Bourbon et le duc d’Enghien vinrent aussi au Lavabo,