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assidûment le palais royal aux côtés de leur mère, et le Roi, leur grand-père, avait voulu prendre soin lui-même de leur éducation dont il surveillait les progrès avec un sensible plaisir.


1er janvier 1790. — Les petits d’Artois ont fait voir, écrivait le duc de Genevois, le premier la carte des États du Roi, l’autre celle de Turin, faites par eux et qu’ils ont présentées au Roi après le baisemain.


Victor-Amédée, du reste, avait voulu qu’ils suivissent l’un et l’autre les cours de l’excellente école d’artillerie qui existait alors à Turin, et tous deux en parcoururent tous les grades du rang de canonnier à celui de capitaine,


Berry, écrivait le comte de Maurienne, peu avant son départ, le 10 mars 1792, a soutenu aujourd’hui un examen dont il s’est tiré avec beaucoup d’honneur.


Mais le comte d’Artois désirait avoir ses enfans auprès de lui. A Coblentz, une petite cour et toute une armée s’étaient réunies autour des frères de Louis XYI et l’Europe semblait s’ébranler contre la Révolution. À cette heure où les émigrés croyaient leur triomphe prochain, le comte d’Artois voulut voir ses deux fils combattre à ses côtés.


5 janvier 1792. — A diner, écrivait Charles-Félix, on a parlé du départ des petits d’Artois qui doivent aller à Coblentz.


Mais, si le comte de Surent, gouverneur des jeunes princes, était partisan de ce projet de départ, il est probable que la comtesse d’Artois s’y montrait hostile, effrayée par les dangers qu’allaient courir ses enfans sur un champ de bataille. Ecoutons le comte de Maurienne :


5 juillet. — Le Roi parle de la guerre et du départ de d’Angoulême et de Berry. Après dîner, tous deux commencent à faire leurs adieux, quoiqu’on doive les recevoir encore dimanche, mais comme leur mère n’en savait rien, ils agissaient en cachette.


Enfin le 28 juillet, le comte d’Artois écrivait à son beau-père pour demander ses enfans qui, malgré les alarmes maternelles, prenaient, le 2 août, avec leur gouverneur, la route de l’Allemagne. Heureux et fiers d’aller au feu et de faire leurs premières armes, c’est presque gaiement qu’ils s’éloignèrent de Turin où pourtant ils avaient trouvé un affectueux accueil. Charles-Félix s’étonne de cette mobilité d’impressions, si naturelle et si explicable pourtant chez de tout jeunes gens, et se plaint avec amertume de leur insensibilité.